Lundi 31 décembre 2012
Débarqué hagards à Pili, proche de Naga (la troisième ville des Philippines quand même, Respect).
Nous cherchons l’éco-village où nous avons réservé une cabane (barak) économique. Personne ne sait où c’est, on erre, on prend deux Jeepneys, on marche, et finalement, après une longue marche (faudra qu’on parle à notre psy de ce besoin de marcher des heures sous le cagnard quand on a passé une nuit ridiculement courte), on arrive dans notre nouveau havre de paix.
C’est une cabane en alu, une étuve, heureusement à l’ombre d’un arbre, avec un lit double et deux oreillers, d’une hygiène douteuse et c’est tout.
Dehors des nuées de moustiques. Dans les trois bassins qui ornent les lieux, des crapauds copulent, bloqués par l’évaporation de l’eau marronnasse. Les douches couvertes sont une incitation à rester sale.
Mais il y’a des douches dehors.
Ça plus un lit c’est tout ce qu’il nous faut.
Ah non, ça plus les noix de coco que les petits voisins nous proposent. On boit, c’est frais, ça fait du bien. On va dormir !
On dort. Longtemps. Il le fallait après cette aventure.
J’ai une crève, fallait s’y attendre. Que faire ce soir ? Nous allons nous renseigner.
Il s’avère que nous sommes dans une sorte de complexe, appelé le Cam Sur Watersport Complex (CWC) composé d’une résidence cossue, de notre éco-village moustiqué et d’un parc aquatique, où se pratiquent des jeux d’eau (parcours sur des boudins gonflés d’air), ski nautique sans bateau (remplacé par un tire-cul circulaire), et kite-surf.
Tout ça (sauf l’éco-village que nous ne partageons qu’avec Klaus, un wake-boarder de Melbourne, qui n’a pas oublié d’être cooool et chevelu-gras mon pote !) est infesté de touristes. Aquaboulevard Philippin !
En attendant, il est 19h, une navette nous mène au centre de Naga, où pour fêter l’occasion nous voulons mettre un bon whisky dans notre gosier, folie de fin d’année.
Qui s’avèrera être une quête du Graal. Le 31 décembre aux Philippines, tout ferme, quelques restaus tiennent le coup jusqu’à 21h puis rideau…
D’autre part, le bon whisky (car nous en avons vu en vitrine du bar d’un Hôtel cossu) fête lui aussi la fin de l’année 2012, le responsable des bons alcools faisant relâche. L’employé du bar en charge des boissons de pauvre nous propose une bière en voyant nos mines contrites, mais non, nous optons pour un plan B. Il en faut toujours quand on voyage en terre inconnue !
On a vu un Biggie’s Dinner.
Fast-food Philippin faisant (à la demande!) des Burgers et des trucs à base de poulet frit. Ce sera donc burger et coca. Tellement pittoresque malgré les apparences.
Puis deuxième partie de notre plan B : retour à l’éco-village en Jeepney, avec les Philippins qui sourient, détour par un magasin ouvert à cette heure tardive où nous acquérons : une bouteille de Tanduay (le fameux rhum local) et une bouteille de Coca. Et on squatte la réception que nous partageons avec la réceptionniste, de garde à cause de nous et de Klaus.
Il y a du wifi, on communique avec les nôtres, on boit du Rhum-coca, que Honey Flower (la réceptionniste dont j’ai oublié le vrai prénom) décline en se marrant.
Dehors c’est la troisième guerre mondiale. Pétards et feux d’artifices de toutes parts. On est bien.
Minuit approche, les pétarades extérieures s’amplifient encore, ça explose de partout, Laïka la chienne de garde (une vieille boule de tendresse, moyen efficace comme chien de garde) panique.
Honey Sugar n’en peut plus !! Elle sort toute les 2 minutes, textote à tout va, passe des coup de fil, et c’est l’apothéose, il est minuit elle nous redit Happy new year pour la 12ème fois de la soirée et regarde le feu d’artifice.
Quelqu’un lui apporte des gâteaux et des nouilles façon lasagnes, qu’elle partage avec nous.
C’est mimi tout plein !
Puis on va se coucher parce que nous sommes un peu sur les rotules. Demain sera consacré à buller, exclusivement !
Mardi 1er Janvier 2012 2013 (faut s’y faire)
Et bonne année se dit-on
L’accumulation de fatigue et la crève aidant je me réveille à 11 heures. Il fait beau et chaud, un peu flemmards (surtout à l’idée de ce qui nous attends le lendemain (retour à Manille 420 km)) nous décidons de fêter cette année nouvelle-née en allant au Watersport complex pour déjeuner.
Nous ne savions pas à quoi s’attendre. On a rigolé. On sent aux prix pratiqués que l’on est bien dans un centre touristique et on se fait plaisir.
C’est calme, propre, la cuisine est bonne, on se pose au bord de l’eau, avant de repartir après déjeuner. Mais nous ne repartirons pas tout de suite !
Il se met à se passer quelque chose, une animation frémissante.
Au dessus du bassin qui est en fait un anneau, des câbles se mettent à tourner. Et tout à coup des skieurs nautiques ! Enfin un ou deux skieurs nautiques et des apprentis très débutants. Qui se suivent, tirés par les câbles, l’un derrière l’autre.
Et ils tournent en rond.
Du moins ceux qui arrivent à démarrer. Et à tenir sur le tour. S’ils tombent, une navette les ramasse et les ramène au départ. C’est rodé !
Des Philippins du staff sont forts, des Coréens se vautrent, des Russes tiennent comme ils peuvent. C’est un spectacle idéal pour se relaxer. Et bien se marrer !
On envisage de boire un coup et y renonçons, nous sommes à Paris en fait. Soit. Retournons à Naga, il faut s’occuper de notre départ vers Manille de demain.
Arrivés au terminal de bus, nous re-re-re-re-reprenons conscience que les Philippins sont beaucoup, et que nous sommes en période de fête. Les bus se remplissent et se suivent, les rabatteurs rabattent, les toits se chargent de colis, d’animaux. Des bus partent, d’autres arrivent et sont immédiatement remplis.
Se déplacer dans la gare est notre sport du jour. On fait le tour des compagnies de bus, on pose des questions. Sale coup pour nos rêves de confort : nous ne sommes pas seuls sur terre !!
Tous les bus rapides sont complets jusqu’au 6 janvier.
Et les bus de pauvres ? Coup de chance ça il y en a toute les demi-heures. Mais on ne peut pas réserver. Soit : nous partirons tôt demain matin. Pas trop le choix en même temps.
Par acquis de conscience on demande combien de temps ça met : 9-10 heures ! A oui c’est vrai une moyenne de 40 km/h
Dîner dans un délicieux boui-boui.
Je tente un truc :
Ce pays produit des petits piments, tout petits, certains ayant la taille d’une tête d’allumette et qui poussent comme de la mauvaise herbe partout. Ils sont rouges, et trop meugnons. J’ai toujours rêvé d’essayer. Pourtant j’avais eu un aperçu avant. Mais bon !
Un tout petit, tout mimi me fait de l’œil. Il doit peser un demi-gramme sans la tige.
Croc ! c’est bon ! Délicieux.
Et ça coupe le souffle ! Et ça brûle, je suis anesthésié du côté droit de la bouche. Mes yeux se mettent à pleurer sans me demander mon avis. Mon corps élimine 90% de son eau. L’eau n’y fait rien. Puis ça passe, presqu’aussi vite que c’est venu. Reste le goût et une drôle de sensation dans la bouche, côté droit. Reste plus qu’à sécher.
Ça c’est fait. Marre d’être héréditaire !
Pour fêter ça (et surtout faire plaisir à Claire qui a des envies de sucré), nous partons tenter une nouvelle expérience. Le Halo-halo.
Le Halo-Halo… par où commencer…
Déjà ça se trouve au restaurant, et dans certains fast-foods. C’est un dessert. En fait, le dessert Philippin par excellence, un dessert de fête. C’est coloré, s’y mélangent du violet, de la gelée au fruit verte et rouge fluo, de la glace, du flan, des morceaux de noix de coco jeune, de banane et de mangue, de la glace pilée, des petits haricots, rouges sombres (les azukis Japonais), d’autres beiges clairs (les mungos) et du lait concentré. J’en oublie peut-être.
C’est étrange, très étrange, peut-être le seul plat Philippin avec tant de nuances. Il parait que cela se touille, mais en y allant progressivement c’est bon aussi. C’est doux sucré, comme il faut, ça fond, ça croustille ça vient de l’espace. Essayez à l’occasion.
Sur ce, nous quittons Naga…
Et rentrons finir notre bouteille de rhum et allons nous coucher.
Bonne année à tous, demain, nous prendrons un bus à 8h30, qui arrivera à Manille à 19h30.
Mercredi 2 décembre
Il est 6h, les Laferrère s’éveillent !
Direction la réception, on check out, on dit au revoir, merci et bonne année (mais bonne année ça y’est ils ne le disent plus), et on file prendre notre bus.
11 heures pour 420 km, genoux plantés dans le dossier devant sur des sièges pour personnes menues. D’autres sont moins chanceux que nous.
Assis sur des tabourets en plastique dans le couloir. Ça sera long, et chiant, d’autant que c’est pour partir d’ici.
La musique touche à son apogée de la souffrance auditive quand Modern Talking nous est balancé en boucle, sous toutes ses versions pendant une heure et demie. Les passagers locaux sont zen. Nous moins.
Il est 20h, nous avons posé nos sacs dans l’auberge de Jeunesse, et allons festoyer pour notre dernière soirée.
Orgie de Sizzling Chicken et Calamars, bières, mango Shake.
Il est minuit quand nous allons nous coucher. Demain le bus pour l’aéroport part à 6h30, nous nous réveillerons à 5 heures.
Jeudi 3 Janvier
Après une courte nuit, un trajet de deux heures en bus climatisé (ça existe!), pendant lesquelles nous avons dormi et chopé un bon petit torticolis, nous arrivons à Clark Airport à 8h30.
On est toujours aussi beaux, mais toujours pas très frais.
Et notre avion part à 13 heures.
Une attente longue mais on s’y est fait, même Claire pour qui la patience rime parfois avec « Allez, putain !»
Une petite angoisse car nous avions inversé Nom et prénom lors de la réservation du billet pour Kota Kinabalu (KK comme ils l’appellent ici – oui je sais).
Mais c’est une angoisse inutile, ils s’en tamponnent le coquillard comme on dit trivialement quand on a des lettres anciennes, en revanche, le fait qu’on ait un briquet sur nous les embête. On les feinte, on découvre une spécificité locale : les terminal fees (frais de terminal) que nous avons connu dans tous les ports, mais pas encore dans les aéroports.
Sachez-le, si vous achetez un billet d’avion, il vous faudra quand-même payer ce droit d’entrée si vous voulez monter dans l’avion. 900 Pesos, et on embarque.
Notre prochain récit se fera de Malaisie, dans le dossier Malaisie.
En attendant, nous allons quitter ce pays que nous avons adopté.
Avec ses bruits permanents, ses coqs qui chantent, ses habitant qui Karaokent, ses paysages à couper le souffle, la gentillesse permanente, ses fried chicken, ses petites tentatives d’arnaques bon enfant, ses habitants accueillants, hilares, chantants, dansants, se reproduisant à toute vitesse… et tout le reste.
Les Philippines c’est splendide ! Les côtes sont belles, les terres sont imposantes, la végétation est luxuriante, la vie y pousse sans réfléchir.
Les Philippins sont merveilleux. Bruyants, bordéliques, imprécis, partout, parfois collants, parfois un peu escrocs. Mais tellement gentils, aidants, joyeux, souriants, cela repose l’esprit, et redonne confiance dans l’humanité.
Comme ils disent:
“We are poor and don’t have much in the Philippines. We have the sea to fish, trees where we can pick fruits if we are hungry. We’re an happy people, because our life is beautiful. »
Salamat Po !!
Et à bientôt!!
(Bon bien sûr il y aurait tellement d’autres choses à dire mais pour beaucoup les mots sont trop imprécis, alors je garde ça pour moi. Et passons à la Malaisie.)