Mangez des pommes et fumez des herbes médicinales !

Une pensée pour Raoul qui nous a quitté.
Les mecs de ce temps la, c’étaient de vrais bonhommes !

Quittons Tiuni pour nous rendre a Rorhu.

Car dixit un vieil homme croisé la veille, cette région est absolument magnifique.

Des pommiers, encore des pommiers, et de la montagne.
Voila ce qu’il nous faut.

Sauf que Rajesh commence vraiment à nous les gonfler. Il met du temps a démarrer, puis démarre, puis nous nous arrêtons 1 km plus loin pour prendre un petit dej, et là plus rien.

Le cuisinier du resto sort pour nous filer un coup de main, mais rien. Veut pas démarrer, la bougresse.

Merci le cuisto fou du kick !

Merci le cuisto fou du kick !

Oui car nous avons décrété que Rajesh était un male par défaut, mais que dès qu’il se mettait a faire chier, c’était une femelle.

N’empêche qu’il est déjà midi et qu’on aimerait bien mettre les voiles. Ce n’est pas que Tiuni n’a rien de charmant, pour preuve la bicoque verte tenue par deux femmes dont une sans âge qui fume des cigarettes et qui nous a servi la plus simple omelette/chapati pour dîner dans une ambiance hors du temps a la lumière d’une ampoule qui n’a pas d’obsolescence programmée, mais il nous faut avancer un peu.

Et c’est vrai que cette orgie de paysages merveilleux sortis tout droit de la tête de Mickey est un peu addictif. Si en plus Rorhu est encore plus beau…

Rajesh, démarre et arrête de faire ta pute !

Il y a un garagiste a un kilomètre de la. Exactement a l’endroit dont nous sommes partis.  Le cuisinier joue du kick comme un maître et finit par nous la pétarader. Il faut dire que dès qu’ils ont l’occasion de kicker, ces indiens, ils ne s’en privent pas. Nous retournons donc a la case départ sans aller en prison, et c’est déjà ça.

Le garagiste nous démonte la bougie neuve de la veille et nous met le problème sous le nez. La coupable, c’est elle. Mais elle est neuve ! Oui, mais n’empêche, lorsqu’il en met une nouvelle, ça redémarre. Cette bécane va nous faire devenir chèvre.

Merci le mecano !

Merci le mécano !

Et vous n’avez encore rien lu.

Apres quelques protocoles diplomatiques qui se résument a des sessions photos avec le garagiste et ses amis plus deux trois curieux qui se sont incrustés a l’indienne, nous repartons, cette fois-ci pour de bon, vers de nouvelles aventures.

Rorhu est a 40 km de la. Une promenade de santé, en somme. Sauf qu’au bout de 30 km, il se met à pleuvoir des gouttes grosses comme des œufs de perdrix, ce qui reste honorable, vous en conviendrez. Nous entrons dans la capitale indienne de la pomme, trempés comme des watan ho.

La recherche de l’hôtel est peu concluante. Tout est complet, ou bien ils ne veulent pas de nous, nous ne le saurons jamais. Nous réussissons à force de persévérance à nous trouver une chambre sur la plus haute corniche de la ville.

Ville qui n’a rien de folichon niveau paysage, d’autant plus que de lourds nuages nous gâchent la vue sur l’autre versant. Mais les gérants de l’hôtel sont adorables, la chambre est confortable et nous avons besoin d’un peu de repos.

Nous y passerons le week-end.

Je vous avoue que nous n’avons pas fait grand-chose à Rorhu. En revanche, un beau rayon de soleil nous a permis de sortir de la chambre en fin d’après midi le lendemain et vérifier les dires du vieillard : La région de Rorhu est sublime, je vous en laisse juges.

Rorhu-vallee Rorhu-aurel rorhu-crepuscule

Le lendemain, Lundi pour ceux qui ont du mal avec les dates, nous partons vers notre prochaine étape arbitraire, c’est juste qu’au niveau kilomètre ca nous convient et ca a l’air suffisamment gros sur la carte pour être susceptible de contenir des hôtels : Teong.

Mais d’abord, fait saugrenu.

En chargeant Rajesh au départ de Rorhu, une odeur acide et connue de nos narines pour être suffisamment stupéfiante nous interpelle. Nous relevons la tête et découvrons que le massif de mauvaises herbes qui servait d’ami a notre moto depuis deux jours est en réalité un énorme buisson de cannabis coupé. Les mâles et les femelles tentent de fricoter une toute dernière fois avant de mourir. De toute façon, il est encore trop tôt pour récolter quoi que ce soit. Et puis ca n’est pas notre genre, vous le savez bien.

Les pauvres !

Les pauvres !

Mais nos yeux et nos narines s’ouvrent de plus en plus au fur et a mesure que nous avançons sur la route. Et notre conclusion est la suivante : Il n’est pas interdit de faire pousser du cannabis en Inde. D’ailleurs, le cannabis ne demande aucune autorisation pour pousser.

Voyez plutôt cela comme le chiendent ou les pissenlits de notre beau pays, ça pousse sans demander son reste, les mâles ne sont jamais bien loin de femelles, la nature est bien faite, et les indiens nous klaxonnent alors qu’Aurel s’est arrêté pour que je puisse vérifier que ce plant la n’a vraiment rien a donner… Non, je rigole, je ne suis pas comme ca.

A une intersection, nous demandons notre route. Un vendeur de cigarettes nous montre une petite route qui monte en nous disant « short cut ». Raccourci pour les mous de l’anglais.

Nous décidons de l’écouter et nous voila partis sur un chemin de crête au milieu des pommiers, qui longe la route principale se trouvant sur le versant oppose de la montagne.

Encore une fois, on en prend plein les dents.

la-maison-sur-la-coline-rorhu

Au début c’est sympa, puis le chemin se transforme en gadoue, puis en chemin de pierre, ca devient moins sympa, jusqu’à ce que nous passions un col ou nous décidons de nous arrêter pour déjeuner.

Un restau de routiers, tous transporteurs de pommes, qui nous regardent arriver l’air éberlué dans l’établissement.

Aurel aime les cols

Aurel aime les cols

Ah, un bouchon se crée.

Alors les bouchons en Inde.

Dans les villes de plus de 50 000 habitants, cela peut facilement se comprendre.

Mais lorsque vous passez un col et qu’il n’y a donc qu’une seule route, pas de feu rouge, pas de passage piéton, rien qui pourrait troubler la circulation, vous pouvez aisément vous demander comment on en arrive la. Eh bien c’est simple : Ca se gare a peu près n’importe ou, ca ne connait pas vraiment son gabarit, c’est un peu pataud et un peu maladroit…

Et nous voila coincés pendant  trois quart d’heure en haut de la montagne, à regarder le seul flic du bourg faire la circulation sur la seule route du village. Un grand moment de beauté.

les-embouteillages-au-milieu-de-nulle-part-inde

La route qui descend du col pourrait se comparer a une page de pub de HBO : C’est ennuyant, souvent pareil, et on ne sait jamais quand ca finira.

Pas de goudron, non, des cailloux, des petits cours d’eau qui coupent la route, et une moyenne de 15 km/h qui rend le voyage un poil long. Heureusement, notre amie la nature sait nous réconforter de ses charmes enivrants.

30 km a descendre comme ça...

30 km a descendre comme ça…

les-pubs-hbo-on-en-peut-plus

merci-la-nature

Plusieurs heures plus tard, nous arrivons enfin à Theog, petit village perche à 2300m d’altitude, et nous mettons au travail pour trouver un gite pour la nuit.

La chose sera plutôt ardue, vu que tous les hôtels possèdent des chambres avec vues imprenables sur la vallée et doublent du même coup leurs tarifs. Il commence a faire nuit, nous continuons a avancer sur la corniche, à prendre de l’altitude, nous nous enfonçons dans un nuage, mais au détour d’un virage j’arrive à entrevoir une pancarte sur un commerce, sur laquelle est écrit « Homestay ».

J’interpelle Aurel, m’en vais demander au commerçant où se trouve cette homestay, il passe un coup de fil et m’annonce que le propriétaire vient dans cinq minutes nous accueillir et nous montrer le chemin.

Le monsieur arrive et ne tarit pas d’éloges sur sa Homestay, nous dit que c’est la meilleure de tout l’Himachal Pradesh, qu’une fois que nous serons dedans, nous ne voudrons plus en partir.

Alors nous le suivons.

Et nous voila dans une chambre douillette de style chalet, assis à une table basse, admirant par la fenêtre les lumières du crépuscule de la vallée.

Nous n’aurions pas pu mieux tomber. En plus de cette chambre, nous avons accès à une salle à manger, une salle de bain et une cuisine.

Nous avons pour nous tous seuls et pour un prix dérisoire, un chalet entier et des indiens qui nous cuisinent des repas incroyables. Rien à voir avec les Dal Chapati que nous avons mangés jusqu’à présent.

la-chambre salle-a-manger

Grace à Rajesh, nous sommes encore tombés sur un endroit improbable, extraordinaire, chez des brahman  cultivateurs de pommes, à 2500m d’altitude, et naturellement, nous y passerons une journée de plus car ce n’est pas tous les jours qu’une famille indienne nous reçoit aussi bien chez elle.

Le lendemain, il fait beau et nous nous réveillons avec ca.

Paye ta vue !

Paye ta vue !

Paye tes vaches !

Paye tes vaches !

Un petit dej et une visite dans les pommiers plus tard, nous sommes aux anges.

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Face à la maison Naresh, notre hôte, se tient un massif de marie-jeanne plutôt massif.

Nous le questionnons un peu sur le pourquoi du comment de tout cela. Il nous dit que si nous aimons fumer, il peut nous vendre un peu de cannabis « purifié », mais nous ne comprenons pas ce qu’il veut dire par là, étant néophytes en la matière.

Il part quelques minutes dans sa maison et revient avec ce qui ressemble a une petite crotte de chat séchée.

Puis il nous met en garde concernant le produit brut, non purifié. Les enfants des villages alentours deviennent fous lorsqu’ils fument cela.

Bref, nous en apprenons de belles sur cette culture sauvage du cannabis sauvage.

Nous nous mettons en route pour une petite marche dans la montagne à la cueillette aux herbes médicinales que nous connaissons, c’est-à-dire globalement pas grand-chose. Cela ne nous empêchera pas de revenir avec un sachet plein.

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Sur cette photo, je trie les différentes herbes médicinales que nous avons récolte.

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C’est un peu comme aller aux champignons en Inde.

Un couple qui rayonne de bonheur

Un couple qui rayonne de bonheur

En fin d’après midi, Naresh vient nous voir pour nous proposer d’aller voir son temple et son village, un peu plus bas dans la vallée.

Nous ne comprenons pas vraiment ou il veut nous amener, mais nous montons dans sa petite voiture blanche dans le genre Fiat Panda qui dévale les pentes, slalome entre les cailloux et les heurts, pénètre dans la fôret et nous amène finalement là.

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Ca, c’est son temple perso, vieux de plus de 2000 ans, il se l’est acheté rien que pour lui, et il vient faire sa puja tous les soirs ici. Le village environnant ne peut pas y rentrer sans sa permission, et il l’appelle d’ailleurs son village, car les gens qui y vivent travaillent majoritairement pour lui, ainsi que les gens du village plus haut, et d’un autre village un peu plus loin.

En d’autre terme, Naresh est le seigneur de sa vallée.

Est-elle seule sur terre ?

Est-elle seule sur terre ?

Voila une merveilleuse journée de passée avec ces gens adorables, prêts a tout pour que l’on soit en « full enjoy » et ils ont d’ailleurs bien réussi leur coup.

Nos nouveaux parents

Nos nouveaux parents

Mais il est temps de passer aux choses sérieuses, Manali se rapproche, nous ne sommes plus qu’a 250 km de notre premier but, et nous comptons bien y arriver dans deux jours.

Ce qui parait faisable, non ? Ca vous parait toujours invraisemblable de parcourir 100 km en 6 heures ?

[Vous excuserez l’écriture parfois quelque peu approximative mais nos deux ordinateurs sont en rade, donc nous avons du taper ce texte sur un clavier qwerty]

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