(Pour ma Minette, qui me manque )
En attendant le plus haut col du monde, et comme nous sommes à Leh, eh bien installons-nous à Leh, dans la Zik-zik Guesthouse, posée au cœur d’un verger où se battent par la pensée pommiers et abricotiers.
« Calme, luxe et volupté » sera notre crédo pendant les trois jours et quatre nuits que nous passerons ici.
Bon le luxe sera dépendant du soleil qui en s’absentant sera à l’origine d’une douche froide.
Mais Rajesh prendra sa première douche, dans un cadre de film de Sergio Leone.
Le calme ne sera perturbé que par les camions klaxonnant nuitamment dans la ruelle voisine pour faire part de leur arrivée.
Et la volupté, dans tout ça ?
Nous la trouverons d’abord dans l’accueil de ces montagnards du désert, dans la cuisine tibétaine qui apaisera nos estomacs endoloris par trop de piments, et le second jour sous forme d’une expédition unique qui nous verra risquer nos os, nos poumons et ce qui reste d’actif dans nos cerveaux embrumés par le manque d’oxygène.
Car le premier jour, de bon matin, direction « Khardung-La Pass », en haut de la colline.
Pour aller à Khardung-La, il faut un permis, délivré par l’office local des feux et forêts, mais qu’un touriste non-indien ne peut obtenir qu’en passant par une agence de voyage.
Le temps que nous en trouvions une qui ne double pas le prix du permis et il est trop tard pour y aller.
Soit ! Notre permis est en poche pour le lendemain, reposons-nous. Et découvrons la ville du désert de sable qui nous accueille.
Se reposer à 3500 mètre n’est pas exactement de tout repos.
Le manque d’air est épuisant, même pour des athlètes surentraînés comme nous.
Les nuits sont suffocantes, chaque effort physique nous essouffle.
Heureusement, il y a des pommes !
Nous sommes dimanche 22 septembre, cela fait exactement 4 ans et demi que Claire et moi sommes à la colle.
Ça se fête non ?
Et pour fêter ça, partons à Khardung-La.
Alors, pourquoi Khardung-La ? Pourquoi ?
Il parait que c’est joli, en plus d’avoir un joli nom pittoresque.
Et puis ce n’est qu’à 40 kilomètres de là, ça ne devrait pas nous tuer.
Rassurez-vous, cela ne l’a pas fait.
La route monte, paisible et insensible au reste du monde…
A un moment, un contrôle de police. Notre permis est vérifié, puis nous nous arrêtons pour un petit déj de qualité, histoire de faire honneur à cet anniversaire et demi.
Et repartons, la route se détériore, les paysages deviennent arides et rocailleux, la végétation disparaît et nous arrivons au col.
Khardung-La Pass.
18738 pieds, soit plus de 5600 mètres.
Le Mont Blanc peut aller remettre sa culotte.
Et pour vous aussi mes petits zouaves, remettez vos culottes, car j’ai le plaisir de vous annoncer que Claire, cette pute de Rajesh et moi, venons de passer la route pour véhicules la plus haute du monde. (Officiellement, car il y a toujours de la jalousie dans ce haut monde, et que peut-être les Tibétains auraient fait mieux)
Oui on l’a fait.
Oui !
Il y fait frais, venteux, le fait de marcher vite est essoufflant.
De très légers vertiges nous saisissent.
Et c’est majestueux !
Et drôle.
Un petit thé pour se réchauffer
un ou deux pas de danse pour pousser nos corps à respirer plus une séance photo pour la postérité. Avec les immuables invasifs Indiens.
Et un petit film (bientôt sur vos écrans) et nous amorçons la descente pour retourner à Leh.
Car nous y sommes déjà allés à Leh (Claire est contre la publication de cette délicieuse plaisanterie)
Laissant derrière nous la Nubra Valley, ses chameaux, son cachemire, et ses paysages enchanteurs et perdus sur le toit du monde.
Par manque de temps, mais maintenant que nous savons où cela se trouve…
Et la descente se fait en roue libre, sur presque toute la longueur. C’est calme, le vent siffle doucettement à nos oreilles finement ourlées et étonnamment sensuelles.
On se prend pour Leonardo et Kate, sans les embruns, ni le côté mièvre
Bref, on est bien, détendus, le temps coule sereinement, nous sommes les rois du monde…
Quand tout à coup : Crac !
Un bruit déchirant comme une pneumoplastie et Rajesh prend du gîte, la direction est floue.
La vie n’est décidemment pas une croisière de luxe du siècle dernier, à force de bringuebaler sur des routes faites pour les participants du Paris-Dakar, le châssis s’est cassé net.
Nous sommes dimanche et avons encore quelques milliers de kilomètres à parcourir.
Coup de bol, un russe redondant (donc alcoolique et alcoolisé) nous déniche un ferronnier qui, ayant l’esprit pratique bien que manquant cruellement d’esprit esthétique, nous fait une bonne grosse réparation de fortune et nous reprenons la route.
Rajesh est maintenant moins joli mais peut à nouveau rouler.
Et nous avec.
A suivre…
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