Le lendemain nous allons nous balader tous les 4, histoire de découvrir un peu plus de cette ville commise par un compatriote.
Tous les quatre, c’est-à-dire, Claire, Aurel, Rajesh et notre gueule de bois.
Et l’on découvre.
C’est propre (pour l’Inde).
C’est calme (pour l’Inde).
Le trafic est tranquille (pour l’Inde).
C’est bien indiqué (pour l’Inde)
Et c’est une ville où il semble faire bon vivre.
Pour allier réveil difficile, chaleur étouffante et sortir un peu de cette symétrie permanente, allons visiter un endroit un peu décalé.

Des gros cailloux, un vénérable Sikh posé et un flic qui dort au fond, nous voilà prêts à entrer au Rock Garden
Le Rock Garden (ou jardin de pierre pour les truites qui pensent que c’est le jardin du Rock’n Roll), créé dans les années 50 par un Indien né dans une partie anciennement Indienne de l’actuel Afghanistan, suite à un traumatisme lié à l’indépendance de l’Inde. Peut-être ?
Nek Chand a ainsi créé un parc de jeu, un monde d’utopie ou village parfait, selon les avis.
Et le tout, à base de matériaux recyclés.
Et pour être franc c’est très étrange. Indépendamment de la gueule de bois.
Déjà il faut franchir la porte d’entrée qui doit être haute d’un mètre quarante. Et il en sera ainsi pour toutes les portes du parcours.
Car c’est un parcours. Une sorte de labyrinthe sans en être vraiment un. Me demandez pas d’expliquer, mon crâne sonne comme un tambour ! Mais pour vous aider, c’est un chemin qui s’entrelace lui-même en trois dimensions.
A peine entrés, Humpty Dumpty, un homme marchant sur un mur affichant : « interdiction de marcher sur les murs », nous alpague avec un gentil sourire en nous proposant de venir boire un Chai.
Polis nous acceptons. Et pour cela devons le rejoindre là haut sur ce mur où il est interdit de marcher, puis déambuler sur ce même mur, puis un autre avant de rejoindre sur une plate-forme trois autres personnes qui nous accueillent gentiment avec un verre de Chai.
Ce sont des employés du Rock Garden et, nous ne savons pas si c’est lié au lieu, mais leur thé a un goût de pierre au lait.
S’ensuit une conversation des plus riche et enlevée. Après nous avoir demandé d’où nous venons, le silence s’installe. « Language problem ».
Mais le moment n’est pas gênant, au contraire, c’est serein.
Ragaillardis par ce concentré de minéraux à la théine nous commençons notre exploration des lieux.
C’est un dédale de petits chemins, nous faisant passer par une jungle, un palais royal, des chutes d’eau, un mini village pour schtroumpfs, des rassemblements de petits personnages en céramique provenant d’assiettes brisées…
…jusqu’au dernier espace, une esplanade sur laquelle se trouve des miroirs déformants, un dromaludaire promène-couillons, un petits train sans rails qui fait des boucles avec une conduite de kékés de banlieue le samedi soir sur le parking d’Auchan.
Et des balançoires.
Plein de balançoires, faisant la joie des plus jeunes. Ou de ceux qui ont su le rester.
Et à ce moment, lorsque nous contemplons les dames en Sari se balancer, le ciel cet impétueux et libre animal sauvage, décide de changer la configuration des lieux.
Une pluie de fin de mousson, venue de nulle part et déboulant sans crier gare, nous pisse dessus.
Il pleut comme un mois de juillet dans la Marne.
Des gouttes comme des yeux de verre de pirate borgne s’éclatent sur le sol desséché. Et il pleut pendant plus d’une heure.
Le dromaludaire est mis à l’abri. Et tout le monde en fait autant.
Il pleut.
Il mouille.
Nous n’avons pas vu de grenouilles, pourtant cela s’y serait prêté.
L’esplanade devient une mare. Sans canards non plus.
Après plus d’une heure à attendre que ça se calme, nous nous sommes transformés en star du ciné pour la famille trèèès nombreuse qui se balançait naguère.
A tour de rôle, puis tous ensemble, ils viendront nous voir et nous serons priés de poser avec eux pour la postérité de leurs Facebooks.
Mais nous prendrons notre revanche.
La pluie s’est calmée, et nous tentons une sortie. Pour être précis, nous nous dirigeons vers la sortie du parc. Celle-ci est loin, je vous rappelle que nous sommes dans un dédale.
Traversons l’esplanade en cherchant les endroits qui ne sont pas inondés. L’eau à créé une piscine d’une couleur peu engageante à la sortie de l’esplanade. Chaussures à la main, pantalon relevé au dessus du genou, nous pataugeons, et la pluie revient.
Un abri en bas d’un escalier nous accueille ainsi que deux naufragés indiens.
L’accès à l’escalier est bloqué par une porte. Un petit ruisseau suinte de sous cette porte. Le tonnerre gronde, la pluie grossit.
Et c’est bientôt un petit torrent qui coule sous la porte et fait monter le niveau de l’eau.
Nos copains indiens partagent leur dernière cigarette, et se marrent avec nous de cette situation rigolote.
Et ce ne sont pas les seuls!
Une accalmie, c’est reparti ! Pieds nus. Plus loin l’eau a pris possession des lieux. Nous marchons dans des mares d’eau boueuses, un vrai parcours de combattant de TF1.
Et pendant ce temps, les singes se foutent de nous.
Et finalement, nous voilà dehors.
Allons récupérer Rajesh et rentrons pour nous sécher à l’hôtel.
Sauf que Rajesh est entouré d’une mare de boue, que la route est submergée.
Au final il nous faudra plus d’une heure pour parcourir les 4,5 kilomètres jusqu’à notre doux foyer.
Mais ça valait le coup.
Une douche chaude, un repas au lit (les indiens sont classes pour ça, même dans les hôtels bas de gamme ils proposent un room-service) et dodo.
Le lendemain, de bon matin, nous quittons Chandigarh, avec comme objectif d’atteindre Haridwar, en passant par Deradhun où Claire a laissé son ordi à réparer il y a un mois.
Parenthèse pratique : vous partez en Inde avec votre ordinateur portable. Si celui-ci a un problème, qu’il faut changer une pièce (en l’occurrence l’écran), ne croyez pas forcément le réparateur quand il vous dit qu’en une semaine cela sera réparé. Il aura fallu plus de trois semaines avant que le gars n’avoue à Claire que son écran est introuvable en Inde, après lui avoir annoncé 5 fois avant que le souci sera réglé en quelques jours.
Et cela est valable pour beaucoup d’autres domaines (souvenez-vous des routes supposément de bonne qualité des épisodes précédents). Pas pour vous faire du mal ni parce que les indiens vous détestent.
Non juste parce qu’ils n’aiment pas dire des choses qui risquent de vous déplaire.