Après deux nuits à Lumbini, la fin de notre voyage Bouddhique étant arrivée à son terme, nous décidons de changer d’air.
Une petite précision météorologique au passage : certains d’entre vous nous ont mis en garde contre plein de choses avant notre départ (ne parlez pas aux barbus, mettez toujours une culotte propre…).
Et d’autres nous ont informsé de l’arrivée d’un cyclone pensant que nous étions encore en Inde (erreur compréhensible, due au retard que nous avons accumulé en Inde à force de pas d’internet). A ceux-ci nous souhaitons dire merci.
Mais nous ne risquions rien sinon une méchante bruine, résultat de cet événement climatique qui a foutu un beau bordel en Inde.
Et l’origine du cyclone ?
Nous avons une petite idée à ce sujet.
Et je dirais même plus : nous avons percé le mystère des éléments déchaînés qui ont pourri notre météo.
Il s’agit d’une vengeance d’une gueguerre entre voisins.
Ne riez pas, nous sommes au Népal comme vous le savez et au Népal les choses sont différentes.
Il y a du mysticisme, des sourires cordiaux et un calendrier différent du notre.
Déjà on est en 2070. Ce qui fout un petit coup de vieux.
Le calendrier Newar comporte 12 mois et c’est là que s’arrête la ressemblance avec le nôtre. Car ici tous les trois ans ils ont droit à un treizième mois.
Ensuite les mois sont coupés en deux parties : la quinzaine sombre et la quinzaine claire.
Cela correspond aux phases croissantes et décroissantes de la lune. Des mois de 28 jours donc. Ce qui explique le treizième mois tous les trois ans.
Par exemple le 8 octobre est en fait le 6ème jour de la phase claire d’Asoj ; donc le 21/06/2070.
Voilà pour votre culture G.
Un calendrier lunaire donc, et la lune qui fait sont taf de marées et est à l’origine de ce cyclone. Forcément.
En tout cas nous ne voyons pas d’autre explication rationnelle à cette bruine qui nous a détrempés.
Ceci étant clairement l’explication la plus logique que vous aurez, retournons à nos cochons
Et repartons pour de nouvelles aventures tant qu’on le peut encore.
Car notre retour approche et il va s’agir de le préparer, à savoir essayer d’éviter de nous retrouver à l’aéroport de Kathmandu avec une moto immatriculée en Inde, ça nous ferait un trop gros excédent de bagages.
Pour faire simple car aujourd’hui c’est dur pour vous : vendre Rajesh.
Et pour cela dirigeons-nous lentement mais surement vers une ville ultra touristique dont nous avons lu le plus grand bien dans le lonely planet (et c’est généralement très inquiétant).
La route jusqu’à notre petite étape du soir permet de vous montrer que notre vie est vraiment un enfer pour les yeux.
Notre étape est la ville de Tansen, perchée à flancs de montagne.
Tansen n’a pas un grand intérêt touristique si ce n’est sa vue sur la vallée chantante et chamarrée.
Du pittoresque bucolique dans un cadre rustique et montagneux sommes toutes.
Et, cerise sur le gâteau aux pommes, nous ne croisons aucun touriste.
Ah si, un.
A peine arrêté au centre ville à la recherche de l’endroit qui ruinera notre nuit, un bonhomme souriant et communicatif vient nous causer.
Il s’appelle Ronald, a une petite soixantaine et est gentil comme tout.
On papote, nous nous racontons un peu histoire de faire connaissance et sans fioriture le voilà qui nous propose d’aller boire un coup le soir même dans son hôtel avec sa blonde.
Avec sa blonde car il est québécois et que les québécois – bien qu’ayant une prédisposition à défendre la langue française de ces salauds d’anglicismes – n’en font pas moins des boulettes car Christine, sa blonde, n’est pas blonde.
Bref…
Rendez-vous est donc pris et nous partons en quête d’un logis pour la nuit et trouvons à cause du Lonely Planet, une chambre très humide, sans électricité (pour la nuit), sans eau (le matin) et sans cloisons réelles (en permanence).
Puis partons rejoindre Ronald et sa brune.
Ce fut une bonne soirée, merci et nous serons peut-être amenés à renouveler ça.
Retour dans notre chambre humide et sans électricité pendant que déboule dans les couloirs une horde de touristes indiens.
Qui seront bruyants et gueulards jusqu’à tard et à partir de tôt le lendemain matin.
Aussi la nuit a Tansen ne fut elle pas un moment délicieux et c’est la truffe dans le pâté que nous décidons de n’y pas rester plus longtemps et de rallier Pokhara à une petite centaine de kilomètres de là.
Chemin faisant, sur une route très jolie nous décidons de prendre notre petit déj.
Et c’est dans ce joli petit coin de nature que survient Adam chevauchant une Royal Enfield.
Adam est lui aussi Canadien, mais venant de Vancouver et habitant à Hong-Kong où il œuvre en tant que pilote de Boeing 747.
Le petit déjeuner dégusté, nous repartons en convoi vers Pokhara, il est seul mais sa conduite de papy (ce sont ses mots) le laisse derrière nous.
Pokhara est une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants, posée au bord d’un lac aux pieds des Annapurnas. Point de départ de petits voiliers et de nombreux trekkeurs.
Lassés de chercher un hébergement, surtout dans ce genre de ville qui en comporte des milliers, nous suivons notre compagnon de route dans sa guesthouse qui deviendra la notre pour les six nuits à venir.
Six nuits dans une ville qui suinte le tourisme de masse, quelle idée !
Et pourtant ce seront 5 journées bien chargées.
D’abord, avant le plaisir cherchons un nouveau papa ou une nouvelle maman pour Rajesh. Quelques affiches, du bouche à oreille chez le mécano et le loueur de Bullet du coin et nous avons une touche dès le premier jour.
Olaf, Sud-Africain, un rien baba et vivant en Inde une grande partie de sa vie.
Il connait bien les motos, n’en a pas vraiment besoin et nous fait une offre que nous devons décliner.
Et nous passons la soirée avec Christine et son cheum Ronald que le hasard et la magie des communications virtuelles nous ont permis de retrouver.
Encore une soirée délicieuse, comme quoi les québécois…
Le lendemain sera un jour festif. Un vieil anglais et une jeune australienne veulent entrer en possession de notre monture de métal.
L’anglais est inquiet (jamais conduit), méfiant, suspicieux et nous fait perdre notre temps. Mais il est arrivé le premier, donc priorité.
Lorsque nous lui montrons la moto, chez Raju, le mécanicien star de Pokhara à qui il a demandé de vérifier Rajesh, un couple de polonais passe.
Ils veulent aussi Rajesh.
Dur d’être une icône des jeunes !
Mais nous déclinons, l’anglais est prem’s et même si les rosbifs sont historiquement nos ennemis héréditaires, la classe à la française n’est pas un vain mot.
Retour à Pushpa Guesthouse, et contents à l’idée que tout se passe si facilement, nous nous apprêtons à aller fêter ça avec une bonne bière fraiche sous les étoiles.
Et là sur qui tombons-nous ?
Les polacks.
Qui n’ont pas lâché l’affaire. Ils veulent la moto pour deux semaines et ensuite l’envoyer en Polonie, leur doux pays. La surenchère commence. Ils ajoutent 100, puis 200€ au prix convenu. C’est tentant, surtout dans notre situation.
On prévient l’anglais que nous avons de potentiels acheteurs à 30% de plus que lui.
Vexé comme un enfant mal élevé, il prend la mouche et s’en va en nous traitant de méchants.
C’est vexant parce que nous ne sommes pas des méchants mais nous sommes soulagés qu’il ne soit pas le nouveau papa de notre pute de Rajesh.
Finalement les polacks feront marche arrière pour des raisons logistiques (voir l’article : se dépatouiller avec une Royal Enfield en Inde et au Népal) et c’est Hannah, la jeune Australienne joyeuse et heureuse de devenir motarde qui remportera la joie suprême de poser ses fesses d’australienne sur Rajesh.
Nous sommes désormais le 3ème jour, mission rapidement accomplie.
Il est temps pour nous de profiter de cette ville.
Et surtout de ses environs.
Première destination, Sarangkot petit village perché sur une montagne à quelques kilomètres de Pokhara.
Pour la partie Hash, après m’être fait alpaguer trois fois en quinze minutes j’essaie une nouvelle tactique de répulsion : « je suis trop vieux pour ces conneries mon garçon ».
Le garçon rigole et je crois discerner que le marmot qu’il a dans les bras en fait autant : « Trop vieux ? Je suis grand-père mon petit et pas qu’une fois »
Ici le hash permet de rester jeune.
Ou bien est-ce l’environnement ?
Repartons vers d’autres aventures moins droguantes.
J’ai parlé plus tôt du lac de Pokhara. J’y reviendrai, parce que ce matin le réveil fut aubien (comprendre : à l’aube), car là-haut sur une autre colline trône un monument mondial.
La pagode mondiale de la paix (world peace pagoda en lémurien), qui n’est pas exceptionnellement belle, même si son message, lui, est une splendeur.
Ce n’est donc pas exactement pour la pagode que nous avons risqué nos os sur un chemin défoncé avec une moto dont le frein avant nous a lâchés (oui redevenus piétons il nous a fallu louer un moyen de transport, car des oiseaux sans ailes dépérissent ou deviennent des poules).
Non c’est pour un tout autre spectacle. Celui-ci.
Qui mérite un réveil tôtif (en opposition avec tardif), car passé 9h la brume envahit la vallée et tintin pour l’émotion oculaire.
Ceci fait, il est temps de partir découvrir ce qui vous taraude depuis le début de cet article : le lac.
Pour les Annapurna, vous repasserez, les treks ne vont pas plus haut que 4600 mètres, ce qui après notre excursion au Ladakh fait un peu petites burnes.
Alors le lac ce sera!
Et ne pleurez pas mignonnes, car cela vaut le détour, et ce sans vous choper des engelures.
Et voilà pour Pokhara (vous avez vu nous vous avons évité toutes les blagues ou autres fantaisies sur M Pokora, les chicken Pakora et autres gaudrioles de qualité supérieure).
Une dernière nuit chez Raj et Anita avec leur fils Prince (oui) la famille souriante et sympa de notre maison pendant ces quelques jours chargés d’émotion.
En route pour l’Eden de nos parents. Partons retrouver les dernières 2CV survivantes de l’époque hippie.
Partons dans la Mecque de la Marijuana des 70’s.
Sus à Kathmandu (ou Katmandou pour les puristes franco-francophones) !!!!
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