Katmandou…
Fœtus je rêvais d’y aller.
De préférence par la route, avec des cheveux longs et gras, dans une vieille bagnole pourrie mais avec des fleurs peintes dessus.
Katmandou, sérieusement, ça ne vous fait pas un peu kekchose ?
Si vous répondez non, c’est que vous mentez. Alors allons-y ensemble pour en avoir le cœur net.
Déjà il faut y aller. 200 kilomètres de route dans la vallée.
Et cette pute de Rajesh qui n’est pas là, préférant des fesses étrangères aux nôtres.
Aussi ce sera par voie bussienne que nous nous y rendrons.
200 kilomètres, cela se fait en 7 heures en moyenne. Et donc nous arrivons à KTM (pour nos copains qui savent lire le IATA) à 14h30. Trouvons une guesthouse dans l’esprit de mon imaginaire collectif mais sans les cheveux gras et qui porte le nom qui va avec :
Nirvana Peace Home Guesthouse.
Tout un programme hein les aminches ?!
Katmandou donc.
Souvent décrite comme une ville violente, difficile à vivre, impossible d’y circuler.
Polluée ça c’est incontestable, et la poussière que soulèvent les véhicules n’aide pas particulièrement, alors la première chose à faire c’est se coller un masque sur le pif.
Pour le reste tout n’est que douceur.
Les habitants sont gentils, même dans le fameux quartier de Thamel, près du centre historique, est un endroit vivable.
Bien entendu, les boutiques à toutous avec leurs mirabelles de statuettes en vrai métal et en jade peint, leurs cendriers en forme de crâne fait avec de l’os de yak et leurs bols népalais chantants issus de l’antiquité sont monnaie courante, tout autant que les restaurants mexicains, japonais, indiens, thaï, italiens et bien d’autres.
Mais les petites rues sinueuses de la vieille ville donnent un cachet à tout cela, et sans que Thamel ne puisse être comparé à Khaosan, le ghetto à touristes de Bangkok, on s’y sent bien.
A partir du moment où on ne passe pas toute sa vie dans ces rues investies par les Français (que font-ils tous là, ces Français ?!), ce qui est justement notre cas, car notre guesthouse se situe à l’extérieur de tout cela, dans une petite ruelle au calme, avec un jardin.
On se croirait presque à Montmartre.
Et les hippies, où sont-ils partis, me demanderez vous ? Ils sont pour la plupart rentrés chez eux et ont fondé une famille dans leur pavillon coquet.
Ou ils sont morts d’une overdose d’acide et de LSD.
Ou ils sont partis s’exiler dans les Anapurnas.
Tout un tas de variantes existe.
Cependant, il y en a une poignée qui sont restés.
Et pas des moindres. Kathmandu renferme encore une belle collec de hippies-clodos-perchés occidentaux qui traînent dans ses rues, le cheveu gras pas peigné depuis 74 et le bandeau sur les cheveux, gesticulant maladroitement, parlant tout seul, ou à son ami imaginaire, ou à Bouddha, là aussi vous pouvez laisser libre cours à votre imagination.
Partons justement voir Bouddha en haut de sa colline à Swayambunath, à quelques centaines de mètre de notre hôtel. Nous avons loué une moto pour terminer notre séjour, à nous la re-liberté.
Cela nous permet de nous faire une idée de cette capitale vue du ciel, et d’admirer la ribambelle (et non mirabelle, je ne suis pas une truite) de stupa qui jonche le sommet de cette colline sacrée.
Et cela nous permettra aussi de se perdre dans un quartier qui nous prouve que Kathmandu, c’est aussi rural.
Après quelques jours, un petit sentiment de suffocation s’empare de nous.
Probablement à cause de la pollution et de la poussière, du masque que nous ne mettons pas forcément avec assiduité, mais aussi avec l’échéance qui approche.
Cette ville sera bientôt la dernière que nous parcourrons avant de déambuler dans les terminaux de 3 aéroports, dont le dernier sera Charles de Gaulle. Il nous faut oublier cette fatalité en prenant le large.
Alors partons à Dhulikhel.
Mais où-est-ce, vous demandez-vous ? Et comment prononcer cette orthographe alambiquée ?
Doulirel ou Doulikel, en phonétique, se trouve à la limite de la vallée de Kathmandu.
Car il faut savoir que la grande partie des attractions touristiques du Népal sont concentrées dans un rayon de 50 km autour de la capitale, Pokhara et le Chituan National Park mis à part.
Du coup, nous partons pour Dhulikhel, à 34 km de là, ayant laissé derrière nous la majeure partie de nos affaires.
Et nous partons là-bas car il paraitrait qu’il y a une vue époustouflante sur les sommets de l’Himalaya, à quelques kilomètres à vol d’oiseau.
Nous nous faisons aborder dans le village par un monsieur qui nous propose de séjourner chez lui.
Vue épatante garantie.
Nous le suivons à moto, grimpons un chemin, et arrivons dans un bâtiment accroché à une corniche. Avec une vue comme ça.
Pour les sommets enneigés on repassera, il y a trop de brouillard aujourd’hui.
Nous sommes quand même conquis, et partons derechef à la découverte de ce coin, car il parait qu’il y a du pèlerinage de qualité : Le Namobuddha (nous ne savons pas exactement à quoi nous attendre, à priori un très grand Buddha doré), le temple de Shiva et le temple de Kali.
Nous ne trouverons rien cette après-midi là, perdus comme des pains. Rien que de beaux paysages qui se perdent dans la brume. Mais la promenade fut belle.
Le lendemain, toujours de la brume, toujours pas d’Himalaya.
Mais bien déterminés à trouver ce Namobuddha, nous retentons notre chance.
Et nous arrivons finalement là.
Il y a bien un grand Bouddha doré, mais à priori le Namobuddha serait plus un monastère qu’une statue gigantesque.
Alors nous parcourons l’immense terrain perché sur la colline et c’est pas mal.
Nous découvrons également avec délice que les arachnides aiment bien s’accrocher aux arbres de ce monastère.
Puis sur le chemin menant vers notre moto, nous percevons de la musique.
Des chants, des instruments de musique, parfois un tintamarre presque apocalyptique.
Alors nous entrons dans le bâtiment principal, et montons à l’étage, guidés par le son.
Et là, c’est bien dommage que les photos fussent interdites mais franchement, merci le hasard.
Une cérémonie Bouddhiste.
Un genre de messe en plus funky. Des dizaines, peut-être une centaine de moines de tous âges en robe, qui suivent la voix de l’un d’entre eux, et se mettent à souffler dans leurs trompes et taper leurs cymbales dans une cacophonie merveilleuse.
Après s’être abreuvé d’un genre de sirop de citron dans un bol qu’on nous a tous donné au préalable, nous laissons Namobuddha derrière nous et descendons la colline en quête d’un village pittoresque et charmant.
Et nous allons être servis.
Laissez-moi vous présenter Panauti.
Joli, n’est-ce pas ? C’est typiquement Newar, comme architecture.
Newar, c’est quoi ? La principale ethnie Népalaise. Et tant mieux car ils ont du goût.
Le village est petit, mignon, les gens sont souriants, décontractés, nous sommes apaisés et décidons de goûter dans un tea shop. Un beau moment.
Puis nous rentrons dans notre maison sur la falaise et y passons la nuit.
Le troisième jour, la brume est encore plus épaisse. Impossible de voir ce qui se trame à un kilomètre de là.
Mais nous ne nous laissons pas abattre et voulons aujourd’hui découvrir le temple de Shiva et Kali. Sur la route qui mène au village, nous tombons sur ça.
Des civils qui jouent aux militaires sur un terrain de foot. Ils recrutent ?
Pas du tout.
Car voyez-vous, nous avons toujours le chic pour débarquer dans un pays quelques jours ou semaines avant les élections générales.
Et le Népal ne déroge pas à la règle.
Les maoïstes, qui ont été élus « démocratiquement » en 2008, mettant fin à une longue période d’instabilité politique dans le pays, remettent leur titre en jeu.
Et pour éviter tout débordement, un genre de milice anti-émeute est mis en place.
Voici les volontaires.
On les fait cavaler sur le terrain, on les fait crier en cœur, on les fait sauter sur place, lever les genoux etc, et dans quelques semaines, si un petit malin essaye de mettre en place un coup d’état, c’est sur eux qu’il tombera.
Si ça ne suffit pas, ils appelleront la police.
Et puis au pire, il reste toujours les militaires pour calmer toutes les ardeurs.
Cela dit, partout l’on voit des affiches des différents partis en compétition, et c’est bien compliqué de faire le tri lorsque l’on n’est pas du coin.
Entre la svastika sur le tampon de la carte de vote…
Le type maoïste pas content et celui qui sourit…
Et la notice explicative qui vous explique que faire le jour des élections…
J’ai l’impression que le Népal est un peu néophyte en matière d’élection d’un représentant d’état corrompu.
Mais ça viendra, je ne m’en fais pas pour eux.
Partons voir le temple de Kali, la déesse noire qui tire la langue et qui tient dans ses mains des têtes humaines coupées et un sabre, entre autre.
C’est la déesse des mères en furies. Si vous faites du mal à ses enfants, gare à vous.
Bon, ce temple n’est pas d’un faste impressionnant, j’en conviens, mais voilà quand même la statue de Kali.
Puis le fameux Bouddha doré qui trône dans la forêt, on ne l’avait pas rêvé.
Et enfin, direction le temple de Shiva, où un Sadou très gentil nous accueille avec son anglais bien à lui. On ne comprend pas tout ce qu’il dit, mais il a l’air d’avoir besoin de parler, alors on l’écoute.
Il nous montre sa collection de pièces et de billets du monde entier. Un jour, il voudrait faire une exposition.
Il ressemble à Jack Sparrow quand il parle, il fait de grands gestes, sa voix part parfois dans les aigus et il cherche ses mots dans le ciel, donc une séance photo s’impose.
Juste avant de le quitter, il nous fait remarquer que « Ossama » et « Obama » sont deux noms étrangement proches pour deux ennemis jurés. Nous rentrons là-dessus.
Ah, tiens, juste devant notre porte voici un tournage de film ou de série ? Non, c’est un film institutionnel sur les castes. Nous discutons quelques instants avec le réalisateur, observons les passants qui observent la scène, puis regagnons nos pénates.
Le lendemain, toujours la brume. Et là, ça commence à bien faire.
C’est pas tout ça mais nous avons d’autres routes à parcourir, nous ! C’est qu’il nous reste moins d’une semaine avant de retourner à Kathmandu !
Alors tant pis, nous n’aurons pas assisté au spectacle de la chaine himalayenne qui se dresse derrière les collines. Mais nous assisterons à d’autres spectacles.
Direction Bhakthapur.
Et là, les amis, vous allez en prendre plein les mirettes. Parce que les maisons Newar de Panauti, c’était juste un apéro.
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