Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de chez nous.
Non, pas de Paris, je ne vois pas du tout pourquoi je viendrais vous parler de Paris après quatre mois fabuleux de voyage de l’autre côté de la planète.
Chez nous à Kuala Lumpur.
KL pour ceux qui suivent.
Pour ceux qui ne suivent pas trop, nous sommes restés à Kuala Lumpur 16 jours exactement, c’est-à-dire que nous avons largement battu notre record de longévité quelque part, ne tenant pas en place plus d’une semaine en général.
Mais ici, contraints et forcés par le sort à squatter dans la capitale malaisienne car en attente de nos mobs, nous avons été un peu chez nous.
Déjà, laissez-moi vous parler en quelques lignes de notre nouvelle ville.
C’est bruyant.
Ça pue.
Dans notre quartier, la nourriture est chère.
Il y fait très chaud et il n’y a pas d’air.
Il n’y a jamais un grand ciel bleu qui vient illuminer les gratte-ciels. L’ambiance y est souvent suffocante. Un nuage gris vient constamment se prendre dans les toits les plus hauts. Nous pensions que c’était de la pollution. Il doit y avoir de ça, les locaux disent aussi que c’est un nuage de fumée qui provient des feux de forêts de Sumatra (ils ont bon dos, les Indonésiens…).
Mais ce n’est pas Bombay, il y a moins de monde.
Ce n’est pas Manille, c’est moins bruyant.
Ce n’est pas Bandar Seri Begawan, c’est moins chiant.
Ce n’est pas (à ce qu’on nous a dit) Jakarta, c’est moins le bordel.
Et il y règne une ambiance que vous ne pourrez sentir que si vous y restez.
Une ambiance de modernité incontestable, avec ses métro-frigorifiques automatisés, ses centres commerciaux qui feraient pâlir d’envie les 4 Temps, ses buildings de verre qui filtrent la lumière, le tout mêlé à une ambiance d’un autre temps avec ses temples Hindous, Taoistes, Bouddhistes, ses mosquées comme dans les contes des mille et une nuits, ses marchés immenses où l’on vend de tout, ses vendeurs de rue qui vous préparent des nouilles sur le pouce, ses boutiques chinoises qui vendent des centaines d’alcools différents dans de petites fioles et qui sentent la poussière qu’une vieille chinoise centenaire n’a plus la force d’épousseter.
Hein, que je pourrais écrire la revue du Lonely Planet ?
Parmi toutes les capitales du monde qu’il m’a été donné de voir, et mis à part Paris parce que ce serait piper les dés (qui ça ? Dédé?), j’affirme donc que KL est la capitale qui m’a le plus donné envie d’y rester plus d’une nuit.
Mais cela n’aurait peut-être pas été le cas si nous avions séjourné ailleurs que « chez nous ».
Car nous avons trouvé un backpacker qui correspond exactement à l’image que je viens de vous décrire de Kuala Lumpur, à peu de choses près.
ça s’appelle Oasis Guesthouse et je ne l’ai trouvé nulle part sur aucun e-guide de la toile.
Je m’en vais donc vous en faire une description détaillée mais pas trop, pour que vous compreniez comment on peut se sentir chez soi au bout de 15 jours, de l’autre côté de la terre par rapport à son « vrai chez-soi ».
L’entrée ne paye pas de mine. En fait, partez du principe que rien ne paye de mine, c’est mieux. Vous montez des escaliers qui mènent au premier étage du bâtiment. Déjà, chose cocasse, vous tombez sur ça :
Eh oui, pas de chaussures dans la maison.
Là, une réceptionniste vous accueille timidement.
Les deux employées sont discrètes, souriantes, mais timides.
Ici, ils ont de tout : Chambres simples, doubles, triples, dortoirs, avec ou sans clim.
Ce qui n’est pas négociable, c’est qu’il vous faudra partager la salle de bain avec des étrangers venus du monde entier.
Les salles de bain sont très propres, nettoyées deux à trois fois par jour, et ça, franchement, ça fait la différence.
Bon, les chambres, je vous avoue, ne sont pas ce qu’il y a de mieux dans cette guesthouse.
Deux lits dans une boite en carton. Sur les 4 murs qui composent la pièce, 3 sont en bois. La seule fenêtre donne sur le couloir. Mais partons du principe que la chambre est faite pour dormir, voulez-vous ?
Puis vous réalisez qu’à l’endroit où tout le monde laisse ses chaussures, il y a un escalier… Et un ascenseur. Prenez l’ascenseur et montez au 4e (au 2nd et 3e, ce sont aussi des chambres).
Là, vous allez rêver.
Une immense pièce commune, des tables, des canapés, une télé sans cesse allumée même quand il n’y a personne devant, des ventilateurs tous les deux mètres, deux frigos, des plaques de cuisson, de quoi se faire ses petits plats asiatiques dans son coin, de quoi rafraichir ses bières achetées au supermarché du coin, de quoi se faire des glaçons grâce au filtre à eau disponible à côté de l’évier…
Que demander de plus ?
C’est un espace où tout le monde se retrouve pour le petit dej (inclus dans le prix de la chambre), où ça discute en mangeant des tartines, et toi tu viens d’où, tu vas où, là-bas c’était génial, je te jure il faut absolument que tu y ailles, moi ça fait 16 ans que je voyage, je fais une pause d’un mois ici, tiens regarde, j’ai acheté des mangues/de la bière/du rhum/des chocolats, tu en veux?
Bref, un endroit dédié aux rencontres et aux bons plans de voyageurs en transit. Une source d’inspiration inépuisable pour l’étude sociologique des humains en vadrouille.
Lorsque des liens se sont créés et les langues se sont déliées, je vous inviterai donc à monter encore un étage à pied, car l’ascenseur s’arrête au 4e, et à venir sur la terrasse pour boire des coups.
Une vue sur la ville qui s’allume correctement la nuit, un hamac, une grande table en bois, de quoi pouvoir faire quelques chouilles assez mémorables… Ou pas, d’ailleurs, cela dépend de votre consommation d’alcool. Là-haut, la fête peut durer tant que vous voulez, personne ne vous entend.
Joie.
C’est donc chez nous que nous avons indubitablement rencontré le plus de voyageurs depuis notre départ, ainsi que le plus de francophones.
Nous nous sommes remis à parler Français à d’autres personnes qu’à nous-mêmes, et nous avons créé des liens avec des gens formidables. Je pense surtout à Galhed (pardon pour l’orthographe), Jérôme et Romain, avec qui on a vraiment bien rigolé.
Mais n’oublions pas Sven le manchot suédois qui voyage depuis 20 ans aux frais de son assurance, Le Turque qui part fumer des pétards à 40 km de là tous les 3 jours, Allan le british amoureux d’une japonaise mariée rencontrée en Thaïlande, Daniel le polonais guide à Bangkok, et Joaquim le rosbif qui a décidé de s’installer ici, on n’a pas compris pourquoi.
J’espère que nos chemins se recroiseront et qu’on repassera une soirée à siroter des Cuba Libre, ou à jouer au Shit Head.
En conclusion : L’Oasis Guesthouse, c’est un établissement à taille humaine (ce qui n’est pas le cas de tous les backpackers de KL croyez-moi), où il y fait bon zoner et rencontrer des gens.
Pour ceux que ça intéresse, le lit en dortoir est à RM15, la chambre double à RM40, et si vous voulez la clim, il faudra ajouter RM10 de plus. Ils vous offrent le Wi-Fi, le thé et café à volonté, et vous avez même le droit de faire des câlins au chat (qui a un mois à l’heure où je vous écris). Passez les voir, vous y rencontrerez des voyageurs au très long cours hors du commun.
Belle description. Ca donne envie d’y aller, on sera à KL dans 3j, on va aller voir