Kep.
Kep est un petit port de pêcheurs devenu lieu de villégiature pour Khmers et expatriés.
Globalement il n’y a rien de fou à y faire, si ce n’est se régaler de crabes bleus de Kep (venants pour nombre d’entre eux du Viêtnam).
Alors pourquoi nous trouvons-nous à l’aube de ce beau matin de juillet, ou novembre en l’occurrence, assis tous les trois dans ce SUV Lexus de 15 ans, nous dirigeant de façon très sportive en plein weekend de fête des eaux, vers Kep ?
De façon très sportive, c’est ce qu’à décidé notre chauffeur occasionnel, qui essaye de remonter les files d’automobiles variées composant les bouchons de ce gros départ pour cause de fête nationale.
Il accélère, comme un bourrin, pile, zigzague, rebombe, re pile… il conduit comme un con grosso-modo.
Alors nous lui enjoignons poliment de calmer ses ardeurs et de conduire au lieu de se prendre pour un pilote du dimanche. Il se calme, mais ne pouvant lutter contre ses pulsions, recommence quelques temps après.
Lison trouve le moyen de le calmer efficacement.
En vomissant de belle façon dans la bagnole.
La fin du trajet sera donc plus douce bien qu’un peu plus parfumée, et nous en concluons que ne le reprendrons plus comme chauffeur.
« Pourquoi Kep? » demandais-je avant d’être emporté par ce récit palpitant de mauvaise conduite ?
Pourquoi séjourner trois jours dans ce bourg mou, où les journées sont longues ?
C’est simple.
Nous avons appris qu’il y a alentours de jolies et bonnes choses à aller découvrir et explorer.
Ce que nous ferons, malgré la météo peu clémente de fin de saison des pluies.
Notre godelureau-qui-pense-être-Fangio de chauffeur nous déposa enfin dans notre hébergement temporaire, sur les hauteurs de Kep.
Il s’appelle Veranda Resort ou hôtel et propose un lieu incroyable composé de petits bâtis coquets pour dormir, enchevêtrés dans un entrelacs de larges passerelles en bois au milieu d’une végétation grassement verte, qui rejoint deux ou trois piscines, le restau et les différents bars.
Avec vue siouplé.

C’est un bel endroit, normalement hors de notre budget, mais la fatale pandémie mondiale qui nous fait bien chier Simone a ses avantages, et nous permet de profiter d’un prix fortement réduit pour cause de pas de clients.
Posés, lavés, baignés, nous sautons sur le scooter de location mis à notre disposition et partons découvrir Kep et finir cette journée déjà bien grevée par les 6h de route.
Nous découvrons ainsi Kep, son fameux marché aux crabes (et autres fruits de mer), ses plages sales.
La nuit tombée et l’heure du dîner approchant nous tombons sur un alignement de cabanes en bambou et de barnums en plastoc, sur la promenade longeant la mer.
Mais il est déjà un peu tard selon les critères locaux, et la majorité des estancots ferme déjà.
Notre horaire de diner semble un peu tardif pour ici.
Sauf que…
Là !
De la musique.
Des gens qui rient.
C’est toujours bon signe les gens joyeux.
Une petite bicoque blanche, au bord de l’eau, une demi-douzaine de personnes sifflent avec efficacité et grands rires généreux, des grands pichets de cocktails chargés en alcools.

Notre dîner est marino-vollailler, crabes, poulet et poulpes s’accordent avec les bières et le sirop de menthe.

L’équipe de joyeux nous accueille avec chaleur et des sourires beaux et francs.
Quelques signes, nous tentons des mots khmers, mais dont ne comprend évidemment pas la réponse, un peu d’anglais écorché de toute part, et nous voilà prêts à savourer notre repas dans le meilleur endroit de la région.
Nos voisins deviennent nos copains, la musique et l’alcool rendent tout le monde joyeux.
Nos voisins-copains chantent, nous causent, rient, picolent.
Et là, à côté de nous, la mer du golf de Thaïlande marque le rythme tendre et lent du va-et-vient tranquille du ressac.
La belle vie.
Il est presque 20 heures et notre dîner joyeux est fini, nous rentrons souriants, et partons prendre la moitié de la carte des cocktails et des forces parce que demain, mon bon monsieur, ça sera autre chose.
Demain c’est aujourd’hui dis !
Il fait beau, Claire en profite pour faire sa séance de sport matinal sur la terrasse.

Un serpent miniature tombe du cadre de la fenêtre.
Personne n’a peur.
Pourquoi?
Parce que nous sommes des aventuriers, pardi !
Affamés les aventuriers.
Donc petit-déjeunons.
Avant de sauter sur notre cheval de feu, direction le Viêtnam à quelques kilomètres de là.
Mais nous n’irons pas au Viêtnam cette fois, même si c’est vraiment à côté.
Nous repassons par Kep, de jour cette fois, reprenons la route de la côte, et roulons une grosse demi-heure en croisant des hordes de canetons, surement sauvages et cruels comme tous les canetons, mais fort heureusement en cage et à l’arrière d’un scooter.
Aventure !
Nous quittons la grande route bitumée pour franchir lentement mais fièrement les quelques mares de boue des chemins de traverse.
Conséquence de la pluie j’imagine.
Et parvenons enfin à notre objectif.
Dans les environs de Banteay Meas (je crois).
Au milieu des plaines de cette région du Cambodge, la province de Kep, se trouvent des montagnes que l’on croirait poussées du sol. Un peu comme un erythème fessier, mais en joli.
Elles constituèrent récemment les derniers retranchements des Khmers rouges du sud du pays, mais sont surtout, au-delà de leur insolente beauté, un lieu de balade et de recueillement, habitant de nombreux petits temples en leur sein.
Au programme, escalade, visite de grottes aux multiples thématiques (grotte sèche, en hauteur, inondée…) baignade et contemplation…

Repus de tant de belles choses nous nous en fûmes découvrir les environs…

… sauf qu’il a plu récemment et que les routes des environs sont qualifiables de mares, parfois même profondes.
Alors après plusieurs tentatives infructueuses avec de l’eau à mi-mollet nous décidons d’aller voir dans les marais salants si on y est.
Figurez-vous que oui, ce qui n’est pas le cas des marais salants.
Hélas, visiter des marais salant après la saison des pluies, c’est impossible car ils sont très aqueux et ne sont de fait plus trop aptes à sortir du sel facilement.
Alors on se dit que bon, allons boire un coup au bord de la mer.
Mais l’endroit sympa sur le papier (bungalows (encore, oui) au bord de la mer) ne nous dit rien.
Peuplée de déchets plastiques et dégageant un léger, mais inoubliable fumet mélangeant rance et décompositions multi-espèces, la plage nous fait fuir, écorchant en passant un serpent jaunâtre qui tentait de se suicider dans les rayons de notre scooter en mouvement.
Nous continuons donc à longer la mer, c’est assez joli.


Et nous rentrons, pour un goûter-dîner de qualité dans notre logis.
Le lendemain, nous avions prévu de passer la journée en bateau à faire du snorkeling et barbecueter sur un bateau.
Hélas, la météo est moisie et la mer trop forte pour le faire.
Qu’à cela ne tienne,
Il fait beau malgré tout et la région est, vous disais-je, fortement riche en choses à voir, et nous allons découvrir une autre grotte (on y prend goût).
Après quelque kilomètres de route, nous voici parvenus à Phnom Chhngok Cave.
Au cœur d’un village, désert, une pagode qui semble l’être également.
Cest l’endroit de la cave normalement…
Où est cette grotte ? Commençons-nous à nous demander.
Surgit un homme, qui se met à communiquer en râlant de façon chaleureuse, sans que nous ne comprenions ses propos.
Mais cette fois ce n’est pas un problème de langue (linguistique), mais un problème de langue (l’organe).
Ce monsieur est guide de la grotte et muet.

Et bavard.
Donc au final on a quand même compris des trucs, mais probablement une part infime de toutes les choses qu’il nous à raconté.
Ceci fait et l’homme chaleureusement remercié, nous repartons découvrir une spécialité, mondialement connue : le poivre.
Et pour être précis, le fameux poivre de Kampot (Kampot est une région et une ville, située à 20 kilomètres environ de Kep).
Une plantation un peu plus loin, propose des visites, des dégustations de poivres et un bon repas.
On y découvre l’histoire de ce poivre, comment il a failli disparaitre à cause, toujours , des Khmers rouges qui le considéraient comme un luxe pour bourgeois, mais à été sauvé après guerre par quelques hommes de bonne volonté.
Goûtons aussi une quinzaine de poivres ou arrangements à base de poivre.
Ça ressemble à ça :
Après notre visite, et pendant qu’on y déjeune tardivement…
…la météo change subitement.
Parti le grand soleil, bienvenue à la pluie tropicale.
.
Et bien sûr, cela au moment où nous repartons.
Mais nous sommes des braves, alors ce n’est pas ça qui nous stoppera.
Equipés de jolis imper en plastoc, nous reprenons la route en sens inverse.

Une vingtaine de kilomètres où nous franchissons les larges flaques rougeâtres, et nous les parcourons, souriants, sous une riche et belle ondée pour aller voir la mer et un joli coucher de soleil qui fait toujours frétiller ma gonzesse.
Et rentrons nous sécher, et repartons diner chez Luigi (ou un autre nom italien), restaurateur rital perdu au milieu de rien, mais où bizarrement l’entièreté de sa nombreuse clientèle est française.
Et sa bouffe délicieuse.
Nous dinons dans une très bonne ambiance grâce à Luigi aui est de surcroît, très gentil, et allons nous coucher pour rentrer à Phnom Penh le lendemain, avec un chauffeur, qui lui, sera très délicat.