Oui c’est vrai c’est un titre un peu racoleur, mais bon… D’autant qu’il ne sera illustré que de quelques maigres photographies, ceux qui ne savent pas lire peuvent aller faire cuire un sanglier.
Pour les autres ça se passe ici:
Salut Camarades !
Samedi 26 janvier 2013
Après un frugal petit déjeuner, nous reprenons nos fidèles pétrolettes et allons user du bitume.
Pas des masses, mais un peu. Lahad Datu, fière ville portuaire au nord de Tawau est notre objectif et nous nous y tiendrons. Cette fois-ci.
Je vous épargne les préparatifs, vous les connaissez désormais.
Notre ami le soleil est toujours au rendez-vous, et nous roulons, sereinement sur la voie rapide A1.
Nous traversons des étendues quasi ininterrompues de plantations de palmiers à huile, quelques bourgs, quelques monts.
La vie est belle à la Claribelle si ce n’est une gêne, légère au début, qui s’amplifie avec le temps qui passe. C’est bien ça, quelque chose ne va pas, et au bout d’une cinquantaine de kilomètres nous devons nous arrêter. Il fait soif. Et ça tombe bien, 50 km c’est notre “toutes les deux heures la pause s’impose” à nous.
Et c’est au milieu de nulle part que quelques cabanes en bois et tôle ondulée défraîchies nous protégeront de Phoebus.
Trois pour être précis.
De guingois, à l’entrée d’un moulin coopératif pour – devinez quoi – produire de l’huile de palme. Là des ouvriers nous accueillent avec un large sourire sympathique, nous font des signes (comme notre signe de va t’en mais dans l’autre sens, la façon asiatique de dire : viens t’en mon bon gars. Ce qui est logique si on y pense ), et comme d’habitude quand nous arrivons quelque part d’inhabituel, se marrent entre eux.
Un cabanon donc.
Et des mouches. Et des Malaisiens hilares. Qui jouent aux cartes.
Nous prenons un thé, sans glace, il n’y en a pas.
Un gars, qui s’avérera s’appeler Herman, commence à nous parler.
En anglais. Il est petit producteur 15 hectares seulement, de palme à huile. Et nous causons huile de palme après les présentations d’usage (vous venez d’où, vous allez où, les mobs sont à vous ?).
Nous lui faisons part de notre souffrance intérieure de voir que de la jolie forêt, il ne reste presque plus rien.
Il nous fait part de la crise de l’huile de palme (qui selon la version officielle du gouvernement Malaisien est due à la crise économique Européenne et Américaine), nous lui expliquons qu’elle est mal vue par chez nous.
Il sait. Il bosse dedans. Il sait qu’elle est bien trop souvent gavée de produits chimiques, d’engrais et d’anti parasites très nocifs. Il nous explique qu’il fait parti de 6 petits producteurs chanceux qui ont été sélectionnés par la fondation Nestlé (sic) pour une programme de production bio d’huile de palme, et que si cela marche cela sera généralisé.
Plus de chimie donc. Plus d’abattage d’arbres séculaire sur les 100 mètres aux bords des rivières, et même, il a une prime de 2 Ringgit pour chaque arbre qu’il replante. Nursery à l’appui. De l’espoir pour la nature dit-il.
Oui une bulle d’espoir. Symbolique.
Et c’est réhydratés et avec cette petite bulle d’espoir que nous reprendrons notre route, où, à part une enclave verdoyante d’arbres séculaires et le meilleur jus de pastèque de ma vie, il n’y a rien de palpitant à vous narrer.
Jusqu’à l’arrivée à Lahad Datu. Qui en soit, est une vile sans grand intérêt si l’on en croit le Lonely planet (qui s’avère être un guide pour touristes de Club Med en fait). L’arrivée à Lahad Datu, après trois heures de routes le plus souvent désertes ou presque, nous stoppons net. Un embouteillage. Conséquent, à trois-quatre kilomètres de l’entrée. Bon les embouteillages vous maîtrisez je ne vais donc pas me farcir de vous expliquer.
Nous en aurons trois en moins d’une journée. Et contrairement à Paris où ils viennent d’une sur-automobilisation, ou à Marseille parce que les gens se garent en triple file pour faire une belote, ici c’est plus basique. Des gens tombent en panne. Et ça bloque tout.
Mais nous on s’en fout on est en deux-roues, alors on passe, et on trouve un hôtel, chez… oui gagné !!! Les chinois.
Bon l’avenir nous montrera que notre hôtel n’a pas tout bon, il est collé littéralement à une Mosquée. Et vers 4h30 du matin, nous n’aurons qu’une envie c’est d’envoyer des parpaings bien massifs dans la tronche du gueulard qui en plus chante très mal, comble de malchance.
Le Boss, papy Chinois, est serviable, gentil comme tout. Un mot à l’accueil : il nous organise un parking fermé pour nos meules dans la salle de jeux ou les vieux chinois vont jouer de l’argent, à côté du commissariat. Puis nous accompagne d’un bon pas chez le garage à meules pour lui expliquer qu’on veut changer les garnitures de frein de Claire et ma chaine qui commence à rendre l’âme, négocie un peu d’huile de boite, et s’assure qu’on ne se fera pas escroquer. Gentil !
Quand nous revenons à l’hôtel, la réceptionniste nous informe que nous sommes attendus par le Boss. Dans son bureau. Là Claire, dans toute sa perspicacité féminine, reconnait, sous des traits bien sûr très différents Jules, mon honorable père. Boss a écrit sur trois feuillets le détail de notre itinéraire Indonésien à Bornéo. ET ce de façon très ordonnée, selon ce que nous préférons. Plus long, plus joli, moins cher, route plus ou moins bonne…. Nous explique certaines astuces, et nous rappelle que nous sommes des touristes et qu’il est hors de question de payer quelque bakchich que ce soit à ces escrocs de l’administration (Douane, Police…).
Merci Papa !
L’heure de dîner approche. Ah non elle est presque passée. Nous nous mettons en quête de manger. Une zone de restauration s’offre à nous. Ah non, c’est écrit mais ils ne servent qu’à boire. Un gars d’ailleurs, d’une bonne cinquantaine d’année d’ailleurs à bien testé la boisson. Rond comme un ballon le bougre. Collant, il veut nous aider à trouver de quoi nous sustenter. On lui dit merci et on s’éloigne, car à côté grillent quelques pilons de poulet. Mais le bougre veut vraiment notre bien semble t-il.
Il repousse la souriante dame produisant les pilons de poulet appétissant et nous explique que ce n’est pas bon ça, que nous méritons mieux.
Qu’il y a des vrais restaurants, très bons par là (en passant devant la banque et ensuite dans la rue en face sur le côté droit). Il me broie le poignet de façon câline pour me protéger de méchants pilons de poulet appétissants.
Bref, nous devons fuir le stand à pilons de poulet appétissants. Notre sauveteur monte la garde !
Et nous partons car plus loin une suite de petites gargotes éphémères nous promet des mets équivalents, chien de garde en moins.
Dix, onze, j’arrête de compter, il y en a beaucoup de ces petits snacks du soir. Nous passons devant plusieurs, et chaque fois le même succès: d’abord un silence, puis des rires, de « hello where are you going ? », des regards interrogatifs, des mains devant les dents…
Puis nous stoppons. Cet endroit conviendra.
Maintenant, faisons-nous comprendre. Coup de bol dans ce pays, les plats sont exposés. Notre index devient notre interprète. Nous faisons rire la marchande, car nous voulons du riz, avec une sorte de truc à la sauce pour moi, alors que Claire prend du poulet et pas de riz… Oui moi non plus je n’ai pas saisi la blague, donc si parmi vous quelqu’un a la clé de la blague….
Bref petites joies du quotidien.
Sur ce nous allons dormir et maudire le Muezzin qui chante mal, n’ayant pas trouvé de parpaings.
Car demain Nous partons pour Tawau, petit port de pêche breton.
Dimanche 27 janvier.
La route, puis Tawau. Gros port de pêche pas si breton que ça.
L’hôtel Tawau, où nous accueillent dans l’ordre :
– une dame gentille qui me recommande la single room, moins chère, et avec un grand lit double (eh oui), en s’excusant que ce ne soit pas plus chic.
– Un jeune (42 ans) homme très souriant qui trouve qu’écouter son walkman assis sur Karadoc c’est la classe, qui me trouve handsome, qui à deux enfants et quitté sa femme parce qu’il préfère les gars.
– Une jeune femme qui mâche un chewing gum rose (oui facile; elle mâche la bouche béante), en surfant sur facebook,
– Un jeune homme rond avec une voix suraigüe, plein de gentillesse qui nous donne de l’eau parce que l’eau de l’hôtel est impropre à la consommation par des blancs.
Bref du folklore.
Dehors un marchand de soupe chinois, qui ferme boutique à 13 heures. En avance sur ses collègues de la rue, qui eux ne ferment qu’à 17 heures.
Ce quartier de Tawau est ville morte après. Mais la ville est grande et nous trouverons quand-même à nous occuper.
Nous essayons de nous parer au mieux pour entrer en Indonésie avec nos meules.
C’est très compliqué parait-il, et pas gagné.
Mais bon, nous sommes vous le savez de joyeux optimistes, alors nous allons voir la douane d’abord pour lever un doute sur une éventuelle taxe que nous aurions à payer, les mobs provenant de Labuan, île duty free. Doute levé nos mobs sont en règles avec l’administration Malaisienne. Un formulaire d’export temporaire plus tard, nous partons au consulat Indonésien. Une foule de gens attend. Crotte de bique. Nous voilà bons pour une longue attente.
Sauf que la chance est avec nous. Un monsieur en costard est là qui regarde, désœuvré, les guichets. Nous allons le voir, il travaille au consulat, et comprend très bien ce que nous voulons. Une lettre officielle disant que l’on peut rouler tranquille en Indonésie sans avoir à se faire emmerder par les forces de l’ordre : Revenez demain avec les papiers dit-il, je vous fais faire ça. Je me présente : Muhammat Soleh, consul à Tawau.
Pas de la moule en boite ça ?
Donc contents, et presque rassurés sur l’avenir de nos compagnons de route, nous partons fêter ça, en faisant une sieste puis en allant découvrir la ville.
Qui est une ville, somme toute, mais au bord de l’eau.
Le lendemain, nous avons la lettre, le cadenas pour les meules, reste plus qu’à!
Ce que nous ferons le lendemain. Dans l’épisode : « l’invasion des carottes »
Mercredi 30 janvier.
Il est 8 heures, Claire s’éveille ! Ou du moins essaye. Nous allons chercher nos tickets.
Puis petit dej, on fait les sacs, on va au port, on retourne discuter avec tous les intervenants, douanes, porteurs,
vendeur de jus, marché aux poissons…
Et montons dans le bateau, à l’avant duquel nos chevaux de feux patientent.
Le bateau est un mini ferry, ou un gros hors-bord allongé. Il doit partir à 11H30, mais il est midi et une cohorte de porteurs continue son va et vient telle une colonne de fourmis infatigables (elle est super cette image non ?).
Sur leurs épaules des cartons, parfois jusqu’à sept. Des cartons qui viennent tenir compagnie aux mobs. Les entourent, les enserrent, les envahissent, les font disparaître. Ne restent plus de visibles que leurs rétros. Ces cartons envahissent aussi la salle des passagers, le pont.
Il y en a partout. Ici, un carton éventré laisse échapper un petit sac, d’où une demi-douzaine de carottes dodues et propres s’enfuie pour rouler courageusement vers les eaux du port, qui en a vu d’autres…
Les carottes sont dans la place !!
La traversée commence, Claire se fait inviter par une indonésienne, une autre chope son fils qui chouine par le bras, passe ce dernier sur mon épaule et hop c’est l’heure de la photo.
On dort, on lit, le temps passe, puis nous arrivons.
Le début de la fin est proche mes lascars. Préparez vos mouchoirs et faites sortir les incontinents !
Nous arrivons à Tarakan.
Sommes accueillis par un douanier. Qui nous demande de nous rendre au poste de l’immigration parce que celui-ci va fermer.
Nous voulons faire sortir les engins d’abord, alors nous négocions avec les porteurs. Ils sont fous, rigolent nous demandent des sommes pharaoniques, on attend qu’ils se calment, puis allons faire tamponner nos passeports, puis revenons, rediscutons avec les porteurs, trouvons un accord.
Le douanier s’impatiente un peu, son bureau devrait être fermé.
Nous y allons. Là une équipe de 6 douaniers nous accueille. On dirait que tout le monde n’est pas encore parti malgré l’heure tardive.
La procédure sera longue nous disent-ils, le mieux est de laisser les mobs ici et de revenir demain matin. Nous leur montrons la lettre du consul, mais il faut quand même suivre la procédure, il est 19h15, nous allons à l’hôtel Gatra, à 20 mètres prenons une chambre, sortons dîner, la vie est belle, il y a plein de gens partout, la bouffe est meilleure qu’en Malaisie, Claire affiche un sourire faisant penser à une tranche de pastèque en plus joli.
Moi, héréditaire je n’ai qu’une tranche de mandarine, mais n’en pense pas moins.
Bienvenue en Indonésie !!
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