Denis Brogniard, Half moon party, Apocalypse Now et Croustibat.

Les guides de voyage, le ministère des affaires étrangères, les forums sur internet, les gens rencontrés, tous nous avaient prévenu : La conduite Thaïlandaise est dangereuse pour la santé.

Ce sont des fous furieux qui roulent avec des épaves, n’utilisent jamais leurs clignotants, usent et abusent du klaxon, et ne vous laisseront pas votre chance si d’aventure il vous prenait de déboiter sur la voie de gauche, sachant que vous occupez déjà la bande d’arrêt d’urgence (oui, on roule à gauche en Thaïlande).

Et notre première réflexion en entrant sur le territoire siamois, a été de se dire :

« Bah non. »

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Respectueux, faisant globalement attention à nous comme si nous existions vraiment dans la hiérarchie de la route, nous doublant sur la voie de droite alors que nous squattons avec dévotion la protectrice bande d’arrêt d’urgence, nous nous sommes ensuite dit :

« C’est parce que nous ne sommes pas loin de la frontière Malaisienne, il doit y avoir un influence ».

Eh bien pas du tout.

En quittant Palian (vous avez noté que l’orthographe change sans arrêt) pour tenter de grappiller quelques miettes de culture franchouillarde qui constituera notre prochaine destination (que je vais tenir secrète jusqu’au bout pour vous donner l’envie de dévorer la suite), toujours pas de psychopathe du volant en vue.

Bien entendu, deux-trois connards qui roulent à 180 dans une voiture tunée avec la musique à fond, mais je crois que vous êtes aussi familiers avec ce genre de loustic.

Nous voilà donc partis sur les routes Thaïlandaises sans carte routière, rien qu’une page de Google Maps que j’ai laissée ouverte sur mon ordi en veille au cas où l’on se perde vraiment trop.

A préciser aussi qu’il pleut des cordes.

Mais l’esprit polytechnicien d’Aurel a su pallier à ce genre d’imprévu un peu prévu quand même : Nous sommes équipés comme pour une classe de spéléo confirmée. Pas froid, pas mouillé, comme dans un cocon au coin du feu. Débarquement à Trang, grande ville du Sud de la Thaïlande, pour boire une boisson chaude et profiter du Wi-Fi gratuit pour savoir par où passer.

C’est bon, nous pouvons repartir.

Quelques heures plus tard, nous volons sur nos destriers mécaniques sur une route de campagne bordée de pins et sentant bon l’iode.

La pluie s’est arrêtée, le soleil décline.

Puis la route s’arrête à son tour. Devant nous, la mer ponctuée de centaines d’îles à perte de vue. Des petites, des grandes, des cailloux, des montagnes, de la jungle.

Et immédiatement devant nous, une guérite. Il nous faut acheter nos tickets une somme ridicule, même avec nos mobs.

Puis nous montons sur un bac transportant aussi bien voiture, personnes, camions, remorques d’essence que motocyclettes. 15 minutes de traversée au soleil couchant voilé par d’épais nuages qui te sert une ambiance un peu Loch Ness mais en plus tropical, et nous voilà repartis comme des oufs sur les routes de l’île. Il faut se dépêcher, tout le monde fait la course, un deuxième bac doit nous emmener à notre destination finale du jour (ça arrive).

Ca y est, nous avons foulé les pieds du bébé de TF1. Un bébé un peu ado à présent, mais toujours son petit protégé.

Abrutis par tout ce voyage, ne sachant où aller, nous suivons les mini-vans climatisés qui transportent les touristes à leur hôtel.

Nous passons une première bourgade pleine de bars un peu cradingues, de resorts un peu délabrés, de cliniques fermées.

Puis une deuxième.

A la troisième, nous marquons un arrêt. Il est temps de se concerter pour savoir qui va avoir la chance de nous voir dormir chez lui ce soir.

Bah tiens, il y a une Guest house à cinq mètres, là, allons leur demander.

L’Opium Bar and Guest house nous ouvre ses portes. Pas folichon, mais pas cher. Et un peu fatigués, les tourtereaux. Très bien, nous chercherons mieux demain.

Passons notre première nuit à Ko Lanta.

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Comme nous avons globalement pas mal de chance avec les périodes de voyages, nous arrivons dans ce lieu « touristique mais pas Phuket » en début de basse saison.

C’est-à-dire qu’il n’y a pas grand monde, les bars sont assez désertiques, les hôtels tentent d’amadouer le client avec des rabais d’environ 50% sur leurs chambres, les plages sont occupées par deux pèlerins qui se roulent des pelles de façon romantique au coucher du soleil…

Donc l’ambiance y est amplement supportable.

Le lendemain matin, après être passée dire bonjour au médecin du coin parce que d’abord ça se fait, et en plus j’en avais besoin, nous trouvons notre bonheur à quelques mètres de la mer chez Suzan’s Corner, un backpacker qui nous offre sa suite royale pour 300 Baths.

Et vu que je suis sous antibios et pas encore très vaillante, nous passons la journée à moullarder allègrement.

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Le soir, nous lions amitié avec les gérants des lieux qui nous invitent à leur table pour boire du brandy local accompagné d’eau gazeuse.

Avec de la glace, ça passe tout seul. Nous avons appris à baisser nos critères en matière d’alcool car sinon nous serions ennuyeusement sobres depuis 3 mois.

Ah, la bonne époque du Rhum Philippin à 75 centimes d’euro le litre… ! Bref, passons.

Les antibios ayant l’effet que vous connaissez lorsqu’ils s’unissent pour le meilleur et surtout le pire à l’alcool, j’ai passé une soirée très gaie face à un Aurel également un peu pompette mais pas plus (jamais plus, il est trop fort mon mari), à discuter avec ces Thaïs dont un policier et un dealer de marijuana bons amis, bien que le trafic de beuh soit ici passible de peine de mort… Oh, ça va, on est sur Ko Lanta !

Deux jeunes filles canadiennes nous ont alors rejoints par la suite, Jeda et Sarah, qui partaient en Indonésie 4 jours plus tard, donc nous avons pu échanger de précieux conseils.

C’est vers 2h du matin qu’Aurel et moi décidâmes raisonnablement d’aller nous coucher sans trop savoir où nous habitions (mais d’ailleurs, où habitons nous ?)

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Aïe.

Le lendemain, le réveil est assez dur, mais contre toute attente, incroyablement matinal.

Tant mieux ! Allons faire un peu de tourisme avec une gueule de bois ! Partons dans la mangrove de l’île pour découvrir les poissons sauteurs qui ne vivent pas vraiment dans l’eau et se tortillent le derrière sur la vase du marécage,

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ainsi que les mini crabes gris avec une seule énorme pince (la droite ou la gauche, preuve qu’ils sont droitiers ou gauchers) rouge qui cavalent après les poissons qui se tortillent.

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Nous rencontrerons également quelques beaux spécimens de poissons un peu préhistoriques coincés dans un bassin d’un mètre cube plus aménagé pour le confort des touristes que le confort du poisson, puis il fait une chaleur à se liquéfier sur place.

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Eh oui, il est déjà neuf heures et demie.

Passons à nouveau saluer le médecin avec qui j’ai lié une amitié profonde et sincère, puis il est temps d’aller prendre un petit dej au restaurant Faim de Loup qu’un Français a ouvert en 2002 et qui vous sert du pain, oui oui, avec des œufs et du beurre.

De quoi se faire un sandwich. Ça ne vous fait pas rêver ? Cela fait bientôt 5 mois que je n’ai pas mangé de sandwich.

Avec du vrai pain.

Bon, de là à dire que c’était du vrai pain ce serait cracher sur l’arrogance qui caractérise si bien les Français à l’étranger, mais franchement, c’était honorable.

Puis sieste, car ne l’oublions pas, nous ne sommes pas non plus là pour nous faire du mal.

Je vais profiter de ce temps calme pour vous relater un fait inutile et pas très intéressant.
Le premier Ko Lanta sur TF1 ne s’est pas passé sur cette île car sinon les participants auraient pu aller s’acheter leur baguette en faisant quelques pas à travers les cocotiers et même se payer un Mojito, bien que le tourisme ne fut pas si développé à l’époque.

Il s’est passé sur une toute petite île juste à côté, Ko Rok, réputée pour ses eaux cristallines et ses coraux roses et rouges. L’endroit idéal pour faire du snorkling. Mais mon amie la docteur m’a interdit de me baigner.

Donc je ronge mon frein en souriant.

Allons voir le soleil se coucher, c’est si romantique.

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Le soir, attention, évènement VIP : Le Mong, le bar électro-techno-banglassi-happy-joint-magic-mushroom-shake fête la demi-lune.

C’est la Half Moon Party.

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Pour les néophytes, je m’en vais vous expliquer.

Je ne sais pas bien exactement d’où ça vient, mais les teuffeurs du monde entier ont décidé dans les années 70 de faire la fête sur la plage en allumant un feu et en prenant des acides.

Depuis, c’est devenu un rituel, sur toutes les plages branchées de Thaïlande, on trouve des excuses de lune pour se mettre une race. Vous avez donc deux half moon party par mois, ainsi qu’une full moon party et une dark moon party.

En gros, vous pouvez vous mettre minable tous les 5 jours.

Après l’expérience de la veille, notre intention n’est pas du tout de s’en prendre plein la tronche. Une bière sirotée pendant une heure et demie en discutant avec les canadiennes de la veille et le jeune Thaï de la famille gérante de notre hôtel, et nous allons nous coucher.

De plus, c’était une soirée très tranquille due à la faible fréquentation touristique de l’île et à son caractère familial. Et aussi certainement à cause des champis que toutes ces têtes blondes avaient pris.

Le lendemain, forcés par mon amie médecin à rester une journée de plus sur cette île (= Le bagne), nous partons un peu plus à la découverte de ses contours, de ses belles plages désertes, de sa vieille ville aux allures coloniales, et de sa nourriture dans les guérites de rue qui vaut 1000 fois les trucs qu’ils vous servent dans les restaus de plage, mais ça, c’était facile de s’en douter.

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Nous repartons sur les routes le lendemain, heureux des balbutiements de notre aventure Thaïlandaise, même si franchement, le plat principal a débarqué peu après.

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