Après Paksé, et pour ne pas être trop dépaysés mais quand même un peu, nous sommes partis à Paksong.
Paksong est à l’est.
Et à l’est de Paksé, il y a comme vous le savez, des montagnes.
Alors sans rechigner, et bravant sans coup férir la saison des pluies, nous montons la montagne pour atteindre Paksong en 50 km et mille mètres de dénivelé. Nous voilà sur le plateau de Bolaven, fort judicieusement utilisé par nos ancêtres les français pour y développer les plantations de banane, d’ananas et merveille : de café !
La température ayant chuté fortement et un petit crachin venant ponctuellement nous caresser la raie des cheveux, nous décidons d’y remédier en allant poser nos yeux ébahis sur une petite chute d’eau sans prétention à quelques kilomètres de là.
Rien de très folichon sinon l’abrupte escalier en pierre, humide, moussu et terreux à souhait qui nous permettra de l’observer d’en bas (la cascade). A condition de ne pas s’y briser les os
Voilà ça c’est fait, pas dégueu hein ?
Alors remontons, allons déambuler à l’amont de la chute, moins panoramique et plus détente…
…avant d’aller récupérer Karadoc qui en, nous attendant regardait les jeunes du coin faire une partie de pétanque.
Et comme la fin de journée approche et que ces efforts physiques nous ont asséchés nous allons découvrir, cet ami sans qui un voyage en Asie n’en serait pas un : le marché de Paksong petit village de paysans paâââârdu dans les collines.
Nous y désaltérons dans une ambiance étrange à laquelle nous ne sommes pas habitués. Le marché est entouré de clôtures, il est quasi désert, seules quelques échoppes sont ouvertes. On s’attend à se faire demander nos tickets de rationnement à chaque emplette…
Alors nous décidons de faire bosser l’artisanat, en achetant à ce vieil homme borgne et manchot, une spécialité locale : la machette faite de restes de bombe (non-officiellement) larguée par les Ricains sur le Laos pendant la guerre du Viêtnam.
Car vous le savez pendant près de 8 ans l’Oncle Sam à bombardé le Cambodge, mais aussi le Laos. Créant ainsi sur plusieurs centaines de kilomètres un splendide géoglyphe de métal tordu, de civils ensanglantés et de napalm.
Couramment appelé «Ho chi min Trail ».
Puis allons dîner parce que l’art nous donne faim et dodo.
Tandis que dehors le ciel se fâche et qu’un déluge s’abat sur le plateau de Bolaven !
Et se calme au matin pour nous laisser la joie de pouvoir explorer les environs au sec.
Partons donc pour découvrir une autre spécialité locale, les plantations de café.
Ayant de l’entregent, nous avons un laissez-passer pour une visite libre dans une splendide plantation au sommet de la colline avec vue merveilleuse sur la vallée. Entre deux averses monumentales.
Puis, car les chutes d’eau c’est notre dada, repartons observer celle-ci, aux pieds ( ?) de laquelle quelques autochtones souriants pêchent à la ligne…
La pluie revient. Une pause déjeuner le temps qu’elle s’en aille et nous partons arpenter le plateau.
C’est pauvre, c’est beau, c’est paisible.
Et la nuit tombe, nous envoyant au lit sans discuter.
Le lendemain sera la journée qui fera tout basculer.
Au réveil il fait froid. Nous avons l’impression d’être mouillés jusqu’au tréfonds de nos osses.
Et dehors le crachin montagnard à laissé la place à sa grande sœur : la drache.
Puissante, lourde et continue. Dans une brume épaisse d’ambiance.
L’eau tombe du ciel gris sombre comme d’une des cascades que nous vîmes ce tantôt.
Alors, nous tirons un trait sur la suite du plateau de Bolaven.
Dommage mais rester pour n’en rien voir ? La tête littéralement dans les nuages ? Non merci.
Ne gaspillons pas notre jeunesse et dirigeons-nous derechef vers le nord.
Un équipement anti pluie bien au point, nous roulons. Descendons la montagne et regagnons une dizaine de degrés. Traversons Paksé.
Et roulons, lentement, sous la pluie.
La route 13, la plus passante du Laos, est quasi déserte. En 4 heures nous nous ferons doubler 3 fois.
Enfin la pluie cesse, nous livrant enfin la beauté cachée jusque là.
Il est temps de se poser. A court d’essence, après beaucoup de kilomètre dans ce no man’s land nous guettons sur les bords de la route un logis pour la nuit.
Rien…
Rien…
Quand enfin, dans un trou du cul du monde, l’improbable se produit. 5 maisons un restau, une station essence et une Guest house.
Sauvés !
Même si la guest House n’est accessible qu’après un peu de cross dans un chemin de boue gluante et sacrément glissante.
Le restau est sympa posé dans ce petit coin de nature.
Malgré les tentatives de la patronne d’en faire un sound-system à notre arrivée, et malgré les nuées d’insectes divers et avariés qui après s’être consciencieusement cramé les ailes sur les néons, tentaient de finir leur existence dans notre assiette, notre verre, nos cheveux, nos chemises, nos culottes… bref partout. Saloperie d’insectes noctivagues et suicidaires!
Un dodo et repartons vers le nord.
La pluie à cessé. Les paysages sont merveilleux.
Il nous faut juste être vigilant, car sur les routes ensoleillées se trouvent des veaux (trop meugnons !!) des vaches, des cochons, des poules, et surtout, surtout, une foule de chiens en liberté. Baguenaudant, chassant, dormant sur la route.
Des obstacles qu’il fallu à Perceval et son copain Karadoc le velu, d’éviter.
Et nous arrivons à Savannakhet.
Et là messieurs z’et mesdames, nous sommes rentrés en France.
Oui il y a les vendeurs de boule Obut dans les magasins de sports.
Mais aussi :
– Les sandwichs à la Vache qui rit
– La place de l’église et son laurier rose
– L’église qui va avec
– Le petit restau qui sert des magrets de canards et du foie gras poêlé,
– Du Ricard servi comme au Maurin des Maures,
– Le café « au rendez-vous » qui sert du bœuf-carotte (moins bon que celui de Zouzou mais quand-même) et des bavettes aux échalottes,
– Le restaurant « chez Moune »
– Des croque-madame comme ceux de maman,
– Les gens qui vous disent « merci beaucoup »
– Des terrains de pétanque,
– la Deuche du papy Mougeot, qui démarre comme au premier jour,
– Et puis, ce je-ne-sais-quoi de nonchalant qui nous a fait sentir chez nous ;
Bien sûr les serveurs sont plus affables, mais pendant quelques heures nous nous y sommes crus.
Et sans pisser dans le bénitier, oui ça nous plu.
Même.
Et nous avons regretté le munster et le maroilles, que malgré nos recherches, cette France n’a su nous donner…
La pire cacostomie de notre vie sera pour une prochaine.
j’ai vraiment envie de quitter Ivry pour vivre ça!
arf, j’y ai cru..ils ont de la kro ?
Non pas de Kro, ils sont français pas alsaciens voyons!
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