Chiang Mai, la Rose du Nord, sur l’ancienne route de la soie, est une ville du nord de la Thaïlande, composée d’un centre-ville carré, bordé de petits bassins rigolos et de forteresses (ou ce qu’il en reste) en brique.
Le reste est plus classique dans ces contrées.
Grands axes et petites rues, mélanges d’immeubles vastes de petites bicoques et de temples, de commerces en tous genres…
Chiang Mai centre c’est :
– Des temples
– Des salons de massage
– Des guest houses
– Des cours de cuisine
– Des salons de tatouage
– Des bars
– Et un dédale de petites ruelles charmantes
– Et des tours pour aller voir des tigres en cage, des éléphants, des crotales qui font des bisous, des singes en tutu, Anna la femme girafe, un village traditionnel où l’on travaille la soie…
Et des Chiang Maiens très gentils, pas collants, parfois rigolos.
Bref, une ville touristique mais pas touristique, mais touristique car la proportion de blancs qui y déambule est conséquente.
Alors, passant plusieurs jours dans cette jolie ville, nous louâmes un deux-roues motorisé et la découvrîmes. Ainsi que ses environs.
Au nord d’abord, le coin des bêtes sauvages et des autochtones pittoresques.
Un Thaï Disney dans un cadre magnifique.
Vous pouvez entrer dans une cage avec un tigre et vous y faire prendre en photo, tirer au pistolet avec votre fille de 8 ans dans le club qui participa à un des films sur la vie de John Rambo, vous baigner avec des éléphants, contempler Anna la femme girafe et ses 26 colliers en bronze épais, admirer des petits singes habillés faire le ménage ou du monocycle, voir un homme jouer avec sa vie et quelques serpents très venimeux (spectacle toute les 15 minutes), faire du quad dans la forêt magnifique, visiter un village tribal perdu dans des rizières où les femmes tissent de la soie.
Et tout ça sous les objectifs de centaines de touristes du monde entier.
Du folklore en centre commercial géant.
Pour nous purifier l’âme, nous sommes ensuite allés vers l’ouest découvrir le temple Doi Suthep, perché lui aussi dans des collines.
A première vue Doi Suthep ressemble un peu à ce que nous avons vu plus haut. En plus spirituel s’agissant d’un temple.
A notre arrivé en bas des escaliers menant au temple : des dizaines de tuk-tuk, des boutiques d’artisanat, des guides avec leurs badges officiels, des policiers faisant la circulation… et une foule de touristes mélangés aux Thaïs.
Pour accéder au temple, des marches, bordées de commerces.
On se croirait au mont Saint Michel.
Vous pouvez, tout en grimpant ou descendant les marches, vous taper une gaufre sur un bâtonnet, un milk-shake à la mangue, des fruits prédécoupés, des brochettes de poulet, bref, vous pouvez garder sur vous les calories que vous brûlerez en grimpant les 300 marches et des poils qui mènent au temple.
Une fois là-haut, on pourrait aisément se croire dans la rue principale de la parade de Disneyland, mais en plus triste, quand même.
Déjà, vous auriez pu avoir la puce à l’oreille en voyant les gamines de 5 ans déguisées en habits traditionnels qui s’emmerdent sec sur les marches.
Des touristes sans cerveau s’arrêtent, se font prendre en photo avec ces mômes qui ne décrochent même pas un sourire.
Elles auraient aisément pu être remplacées par des poupées de cire et aller jouer à la marelle dans la cour de l’école, mais il s’avère que vendre son image « ethnique » est plus lucratif.
Donc vous êtes en haut et face à vous se tient un orchestre de musique traditionnelle composé exclusivement de jeunes filles, mais tout aussi pathétique.
Les regards sont perdus dans le vide, deux filles tentent de taper en rythme sur des tambours tandis qu’une troisième gratte les cordes d’un genre de guitare, mais le cœur n’y est pas. Les touristes enthousiastes qui prennent des photos pour la séance diapo de leur retour ne semblent pas voir la mascarade.
Vous faites le tour du temple, et là, à nouveau un groupe de jeunes filles dont la moyenne d’âge doit être de 8 ans, maquillées comme des voitures volées, qui dansent sur le rythme d’une musique traditionnelle qu’une stéréo de basse qualité crache comme un égorgement.
Mais où sommes-nous ?
Le plus étrange, c’est que les personnes présentes ici sont à grande majorité Thaï. Comme quoi, le côté obscur du tourisme ne touche pas que les occidentaux.
Enfin quelque chose d’un peu plus simple. Une fois la façade franchie, nous tombons sur une terrasse qui domine la ville, sur laquelle des dizaines de cloches sont accrochées. Les enfants (et les grands) s’amusent à les faire sonner, l’ambiance passe du rose bonbon dégoulinant à l’ocre doré des habits des moines.
Nous finissons par pénétrer dans l’enceinte même du temple.
De l’or, partout, et des pèlerins qui font le tour du monument central, une fleur à la main, en lisant une prière à voix basse. Puis qui vont apporter d’énormes paniers remplis de vivres, de dentifrice, shampoing, lait concentré aux moines du temple pour obtenir leur bénédiction.
La déco est absolument surchargée, et c’est ce qui fait son charme.
Puis nous déguerpissons de là, contents d’avoir vu ce qu’il y a de pire et de meilleur dans les grands temples bouddhistes et perplexes face à autant de monde.
Nous comprendrons plus tard pourquoi.
Et enfin le centre-ville, et ses 36 temples, historiques pour la majorité, et renfermant une beauté surannée ou parfois un kitsch explosif. Un mélange des genres complet.
Par exemple, ce temple recouvert intégralement d’argent. Une grande première pour la Thaïlande.
Les femmes ne sont pas autorisées à entrer, l’intérieur est rempli d’amulettes et de sortilèges qui pourraient leur faire mal.
A noter également, ce temple en tek, très chaleureux
Et ce stupa qui a été construit il y a plus de 600 ans qui a perdu son toit lors d’un tremblement de terre un siècle plus tard.
Au final c’est une ville tranquille, jolie et très agréable à vivre.
Jusqu’au moment où.
Buddha Day vous connaissez ?
Cela arrive deux-trois fois par an, pour célébrer la naissance, la mort de Bouddha. Voire, selon les pays pour d’autres trucs trop bien de la vie de Bouddha.
Cérémonies, danses, grosses fiesta. Tout est là pour honorer Bouddha comme il se doit. D’où les pèlerins qui prient par centaines dans les temples des environs.
Les bouddhistes, pour lui rendre honneur se spiritualisent encore un peu plus, participent activement aux événements religieux, et se purifient le plus possible. Une sorte de carême asiatique.
Il est également de leur devoir de chercher à atteindre la plus grande clairvoyance. Les excès de bouffe, les mauvaises pensées et tout ce qui nuit à l’esprit sera mis de côté, pendant la durée des festivités. En l’occurrence 3 jours.
Et dans les éléments perturbateurs de la clairvoyance, l’alcool a sa place.
Du coup trois jours de disette alcoolique.
Le premier jour coup de bol, une superette nous vend deux Chang (bière locale bon marché, dont le nom, Chang signifie éléphant)
Le lendemain. Tintin !
Le troisième jour, contemplant avec effarement tous les bars fermés, les magasins affichant en gros :
« no alcohool for sale for reason of a Buddistic celebration », nos nerfs lâchent.
Nous serons sauvés par les chinois, qui nous enroulant nos bière dans du papier journal, expliqueront qu’ils n’ont pas le droit de vendre d’alcool. Ça fera 106 baths !
Sympa les chinois !
Du coup on l’aura eu notre apéro, Claire se détend.
Et a faim.
Elle souhaite, comme la journée à été économique qu’on aille dîner « quelque chose de trash ! »
Première pensée, pizza ou burger.
Mais non, il y a mieux : un restau allemand !
Oui pourquoi pas ?
On est à Chiang Mai ou pas ?
On y est, alors direction le Bier Stube, où nous seront servis un Wiener Schnitzel en apéro et, la trash arrive…
Un Schweins Haxen de belle taille (Un jarret de porc grillé, servi avec sa choucroute et ses patates, Phenomenal ! Et très bon étonnamment).
Quitte à être en Germanie, ne manque plus que la bière. Sauf que… oui Bouddha.
Mais devant nos têtes déconfites, la maitresse de maison, une vieille Laotienne sympathique, nous sert une bière, dans deux tasses à thé.
Au cas ou…
Pour finir cet épisode qui nous rangera peut-être dans la catégorie des alcooliques irrespectueux des traditions, et après avoir dévoré deux escalopes de porc panées, et un bon demi kilo de jarret du même porc (ou de son cousin), Claire s’est tue.
Pas qu’elle parle à outrance en temps normal, mais là c’est silence radio. Le retour à pied à notre logis infesté d’anophèles (saison des pluies = moustiques), fut lent. La digestion fait son travail, Claire avance au ralenti.
Voilà, donc, si un jour vous avez une meuf aussi classe que la mienne, et que vous vouliez, pour une raison ou une autre la faire taire : faites-lui manger allemand.