L’Inde, où tout est son contraire.
Et nous voilà aux portes de Lucknow après une route sans encombres malgré un trafic impétueux comme l’eau de Gange (qui je le rappelle est vachement impétueux). Nous recherchons un hébergement pour la nuit. Questionnons un de ces jolis policiers en habit beige qui peuplent grandement les faubourgs boisés de cette ville.
Et figurez-vous drôles d’oiseaux que vous êtes, que ces faubourgs boisés sont en fait une grande partie de la ville qui à l’instar de Berverly Hills ou de Chaville est composée principalement de quartiers résidentiels bucoliques.
Donc notre Guest house est derrière nous, dans ce quartier rupin que nous venons de passer.
Et rupin est un piètre mot. Face à Lucknow Homestay, un palace, gardé jour et nuit par des policiers moustachus, abrite un dignitaire local, sa famille et surement un service d’ordre qui ferait pâlir de jalousie notre précédent président de la république française.
Et tout ça dans un calme Olympien (pour l’Inde)
Un hyper centre-ville à quelques minutes de mob de là (oui on dit mob même si Rajesh est une puissante moto, c’est plus câlin), où se côtoient quelques magasins prestigieux de grande marques de luxe. Et partout des policiers, pas toujours moustachus et pas toujours très incorruptibles.
A preuve, ce grand dadais débonnaire et pourtant mal aimable qui nous soutire 200 roupie, sans nous donner de reçu, pour une malheureuse circulation en sens interdit.
Hop dans sa poche pendant que se collègues regardent ailleurs.
Lucknow, donc, où nous resterons un peu, mais pas trop.
Le temps de guérir une petite crève malvenue (rien de grave mamans, un rhumet). Et fuir enfin ce climat de désert saharien au zénith d’un soleil bodybuildé.
Car certains d’entre vous nous annoncent une France sous la canicule. Et nous font doucement rigoler des genoux. Sans faire de concours de celui qui à la plus grosse, il nous faudrait des polaires pour tenir le coup à vos côtés.
Nous vous en parlons discrètement depuis notre arrivée dans ce pays continent : il fait chaud.
Et quand le thermomètre descend sous les 35° nous dansons, rions, et sortons presque une écharpe de soulagement. Tout en restant trempés par un mélange appétissant de sueur (surtout Claire, moi ça va je sais me tenir) et d’humidité ambiante.
Voilà, le passage « fiers à bras » est terminé.
Lucknow où après un repos agréable, nous décidons de faire un grand saut au nord, car c’est moins peuplé, qu’il y fait plus frais et qu’on y trouve quelques montagnes.
Pour ce faire, tout en ménageant notre monture, les angoisses de nos proches, et afin de vivre une nouvelle aventure, nous décidons de prendre le train.
Prendre le train, sans offense, c’est du gâteau.
Prendre le train avec Rajesh, notre moto de compète, ça change un peu du (si vous me l’autorisez) train-train quotidien.
Trois choses importantes à savoir pour ce genre de mission :
– Le réservoir doit être vide de tout carburant
– La moto doit être emballée
– Vous avez affaire à la lourde administration de l’Indian Railway company, nos fonctionnaires de l’éducation nationale à côté sont des gens efficaces (spéciale dédicace à nos amis qui œuvrent parfois dans l’éducation nationale)
Pour emballer la moto il se trouve toujours quelque porteur pour vous aider, à des tarifs variables. Même une fois le prix convenu. Notre emballeur à failli se faire claquer par la police car il essayait de nous soutirer plus que le prix convenu au départ.
Ensuite, l’essence. Il est facile de vider un réservoir d’essence, il suffit d’un récipient adéquat. Mais ensuite, que faire des quatre litres obtenus ?
Fado ! Les policiers de la gare toujours (qui ont à cœur d’aider les touristes), après avoir menacé de casser la tête du porteur trop gourmand, se font une joie de vous racheter votre essence, si le prix que vous en demandez est alléchant.
Et enfin l’administration.
Déjà chez nous c’est lent, obtus et poussiéreux, ici en Inde, c’est pareil, mais avec une nonchalance et un respect du client exacerbé.
Le monsieur auprès de qui je souhaite confier notre anglaise m’adressera trois phrases : « passeport », « sign here » et « give me roupies » avant de se retourner sans un signe.
Pas très agréable hein ? Mais l’essentiel est que la bête soit dans le train, que nous puissions profiter d’une nouvelle douce nuit au rythme aléatoire du transport ferroviaire indien.
Demain nous arriverons à Haridwar à 4H30, récupérerons notre moto et partirons pour une nouvelle découverte pleine, je vous le garantie, de mysticisme, de couleurs et de fanfares.
A un détail près…