Où il est question de premières vacances et de dauphins roses.

23 octobre 21

Toussaint à Kratie (23 octobre )

Déjà les vacances !!?!?

Les fameuses vacances de la toussaint.

Nos premières vacances cambodgiennes.

Que faire ? Où aller ? Trop de choix !!

Comme on aime bien faire les choses bien, et que nous n’avons pas envie de faire comme tous* les collègues français que nous croisons et qui partent dans des îles ou des réserves naturelles, nous avons réservé pour ces premières vacances, dans un joli hôtel, sur une jolie île au beau milieu du joli Mékong.

(*  Depuis l’énorme maladie mortelle qui décime (avec parcimonie et mansuétude) la population mondiale, le nombre de touristes aurait diminué de 95%, ce qui fait qu’il n’y en a quasi plus et que l’offre est infiniment supérieure à la demande. « Tous les collègues français » se résument donc à une demi-douzaine.)

Et parce qu’on est malins comme des parpaings et n’aimons pas être dépendants nous avons bien évidemment pris avec nous l’un de nos chevaux de feux pour l’autonomie (Lancelot en l’occurrence, le Super Cub n’ayant pas encore de nom, il est impropre à voyager).

Un beau matin-matin d’octobre donc, aux aurores réelles, pas midi cette fois, un monsieur vient nous chercher, nous trois et notre scooter, pilotant un minibus ou un van, bref ça :

Ouais, je sais, on ne voit pas bien, tant pis?

Pour nous emmener à bride abattue à Kratie (qui se dit toujours Kratchié).

Ce seront ainsi 236 kilomètres avalés en un peu plus de 5 heures, pause déj comprise.

Selon les normes locales de circulation c’est une moyenne honorable.

A notre arrivée à Kratie, l’aventure commence.

La dame de l’hôtel nous ayant dit qu’on pouvait prendre notre scooter, qu’il y avait une route, je déduisis à tort et dans ma tête, qu’il y avait une route entre Kratie et l’île qui nous accueillerait.

Un pont quoi.

Que nenni mon bon ami.

La terre et l’île sont effectivement reliées, mais par un bateau.

Qui se prend en bas d’un bel escalier d’une cinquantaine de marches.

Tressaillement d’horreur ?  Panique ? Situation épique ?

En fait non.

Un jeune homme dont le métier officieux  est de faire porteur pour descendre ou monter tout ce que les passagers du  bateau trimballent, se saisit du guidon de Lancelot, et tranquillement lui fait descendre l’escalier, franchir la planche flexible qui le relie au ponton, puis le pose sur la plate-forme à la proue du navire qui nous fera traverser le beau Mékong bleu.

Lancelot arrimé (ah non  il faut rester et le tenir) à l’avant du navire (qui est en fait une jolie barque de pêcheur en bois pour 12 personnes).

Puis 10 minutes de traversée en luttant avec talent contre le courant puissant du fleuve, et nous voilà débarqués sur Koh Trong, une île joliment préservée de la sauvage modernité où l’on ne se déplaçait jusqu’il y a peu, qu’à cheval ou bicyclette.

Et après quelques centaines de mètres, nous voici parvenus à notre destination.

Qui valait bien le détour.

derrière c’est notre bungalow / maison Khmère

Autour d’une grande maison Khmère, servant de restaurant, de cuisine et de pool house à la fois, et d’une piscine de belle taille à la température qui ferait rêver les rares frileux de notre lectorat, se trouvent quelques bungalows, khmers également.

Dont un pour nous.

Bungalow n’est probablement pas exactement le terme le plus approprié pour définir une maison khmertraditionnelle, de deux vastes chambres avec chacune sa salle de bain, une pièce commune, une vaste terrasse… le tout en bois joliment taillé et délicieusement (ça fait rêver hein) décoré.

Commençons par pisciner, faisons le tour de l’ile (4 km de long)…

…découvrons-y des villages jolis, souvent en bois et bambous, un village (village étant déjà un mot prétentieux, chez nous ce serait plutôt un lieu-dit mais je ne sais pas le dire en khmer) flottant de pêcheurs vietnamiens.

Et c’est tout.

Donc piscinons à nouveau après ce fulgurant effort, et prenons un apéro détente .

Car demain nous retournerons à terre, en opposition avec le sol de l’île qui est en … terre, et irons découvrir les nombreuses richesses culturelles, historiques et naturelles dont regorge cette région splendide.

Kratie, capitale de la province de Kratie s’appelait originellement Sambupura,  l’ancienne cité de la royauté Chenla et capitale florissante dont l’histoire est remontable jusqu’au 6ème siècle, mais après une énième attaque de ces salauds de siamois (en gros les Thaï d’aujourd’hui si j’ai tout compris), les français, appelés en renforts ont aidé a sa reconquête entre autres choses, et l’ont renommée Kratié. Kratie en Khmer signifiant « farines parfumées » (en référence aux plantations de manioc), je ne sais pas ce que les français fumaient en 1892..

Mais tout cela vous vous en battez probablement allègrement les roubignolles.

Il se trouve que, si les français l’ont affublée d’un nom bien nul, Kratchie déborde de belles choses, comme teasé plus haut : les nombreuses richesses culturelles, historiques et naturelles dont regorge cette région splendide.

Pour la partie culture, je dis crotte à cette gourgandine de virus extrêmement mortel, car elle clôt les musées et autres lieux de culture, celle-ci n’étant pas étrangement pas essentielle.

Du coup tintin pour visiter Le Ministère de la Culture et des Beaux Arts qui se trouve au centre de la ville et qui propose de nombreuses expositions et parfois des performances musicales traditionnelles et occidentales.

Alors, nous reste la nature et les lieux religieux.

Pas n’importe quelle nature, notez bien, nous nageons dans le suave et le raffiné.

Nous vous en parlâmes naguère, vous vous souvenez.

A une quinzaine de bornes au nord, ce qui nous permit de découvrir la beauté rustique et rurale de cette région, se trouve Kampi, village de pêcheurs, sur pilotis, où baguenaudent sereinement des dauphins.

Dans l’eau du Mékong bien sûr, pas dans les cabanes sur pilotis.

Les dauphins de l’Irrawaddy, Orcaella brevirostris, dauphins du Mékong ou encore incorrectement dauphin rose car ils sont plutôt gris, sont des dauphins d’eau douce évidemment, très en danger de disparition, mais qui ont trouvé à Kampi un endroit où vivre plutôt paisiblement en faisant vivre pleins d’humains alentours.

Pour les voir il parait que le mieux c’est de prendre un bateau.

Rapport au fait qu’ils sont dans l’eau

Ce que nous fîmes, très respectueux des « il paraît » qui façonnent un caractère.

Pour cela, nous quittons notre hôtel charmant, montons tous les 4 sur le bateau (Lancelot étant le quatrième pour les lents du bulbe), à l’arrivée le porteur innoficiel mais talentueux le démarre et lui fait gravir les 50 marches pour que nous partions, libre comme des oiseaux, vers notre expédition « National Geographic » à nous.

Nous parcourons les quinze kilomètres nous menant à Kampi, trouvons le lieu de départ des bateaux proche d’un petit marché d’artisanat à touristes désert.

Et achetons nos billet au guichet (vide, mais un noble hère bedonnant le réintègre en courant comme Benny Hill ).

Ensuite ?

Ensuite vous allez là, nous pointe t’il de la main.

On.

Nous accueille, sortant d’un fourré, un noble vieillard qui ne doit pas être si vieux en fait, et nous embarquons.

Menés de main et de pied de maître par ce monsieur souriant et buriné par la vie, nous naviguâmes sur le torrent brun d’un Mékong puissant.

Pas longtemps, car après à peine 13 minutes, le monsieur coupe le moteur de son frêle esquif et nous signale par une onomatopée qui doit avoir ce sens chez les khmerophones :

  • « regardez frères, ils sont là les dauphins ! », supputons-nous.

Et c’est vrai, comme quoi l’usage de la langue est accessoire…

Alors on plantigrade quelques temps à observer ces étranges et élégants bestiaux, les yeux plein de paillettes d’émotion, parce que bon, avouez, tomber sur des dauphins en voie de disparition, si proches dans un fleuve boueux ce n’est pas du quotidien.

Puis on retourne à quai, sautons sur Lancelot et nous mettons en quête de bouffe délicieuse (c’est redondant bouffe délicieuse au Cambodge) et nous voilà dans un restau, sur pilotis lui aussi, au bord de l’eau, à 30 mètres de l’endroit où nous pratiquions plus tôt,  le noble art du voyeurisme de delphinidé rose sur barque.

Et qui voilà donc que nous voyons nager paisiblement ?

Les mêmes.

Mais moins proches.

Le dej est orgiaque et fameux, du poisson fraichement péché, des légumes craquants pour les vitamines, du riz – parce qu’un repas sans riz n’est pas un repas, dit-on ici – et tout ça en tailleur sur une natte tressée ou assis sur / dans l’un des nombreux hamacs qui serviront ensuite à digérer, l’œil torve d’épuisement alimentaire de qualité, et conjointement enchanté par cette vue splendide.

Pendant ce temps, la famille tenancière du lieu vit sa vie.

Des marmots gaminent, un très jeune enfant patauge dans une bassine sous le regard béat d’amour de sa mémé, les chats de la maison cherchent à gratter de quoi manger et nous aiment de fait, les chiens se roulent dans la terre sèche…

On se croirait dans « le Sud » de Nino Ferrer.

Comme annoncé au dessus, nous en profitons pour nous assoupir quelques temps, l’ambiance s’y prêtant idéalement.

Puis c’est l’heure du retour. Lancelot redescend les escaliers  et nous revoilà dans notre home sweet home en bois.

Après la beauté de la nature, le nouveau jour sera plus spirituel.

Quelque part, par loin de Kratie se cache une colline, au milieu de la forêt.

Au pied de cette colline un escalier, bordé d’une série de moines en béton, peints, et qui accompagnent le visiteur sportif le long des 200 marches qui mènent à un temple.

Ou du moins un premier niveau du temple.

Y coure une belle famille de petits singes dont les petits chassent une boite de conserve vide.

Un moine préposé à quelque chose nous y parle.

En khmer d’abord, sans succès, puis dans un semblant d’anglais nous permettant de comprendre qu’il fait coucou à l’enfant et nous informe que les singes, c’est mieux de loin, surtout pour cette dernière.

Alors nous ne tenterons pas de papouiller nos petits cousins poilue, ce qui n’était pas notre intention remarquez bien.

Et reprenons notre ascension.

 L’escalier continue,  toujours bordé de statues de moinillons ocres, pour parvenir à un second niveau, où semblent loger certains moines vêtus de pourpre sombre (je ne connais pas la hiérarchie des moines et la différence entre les moines oranges et ceux-ci, mais j’aime a penser que ce sont des moines-chefs).

Et une autre série de marches, pour aller vers l’infini et au-delà, ou du moins jusqu’au sommet où un temple proposant une vue panoramique essaye de nous faire oublier l’essoufflement consécutif à cette montée sportive, car oui, c’est sportif, même pour nous.

On en prend plein les mirettes, croisons encore des moines souriants et qui nous causent d’abord en khmer, puis en manuel (avec les mains) pour des salutations distinguées et un soutien à l’orientation.

Redescendons ensuite pour aller visiter l’une des institutions la plus noble au monde : le marché !

Un marché est un lieu où l’on peut trouver de nombreuses choses utiles pour un quotidien qui chante.

Celui de Kratie est un bel exemple de marché, car il correspond bien à cette définition. On y trouve plein de fruits et d’autres trucs comestibles, et en profitons également pour investir dans une paire de fausses crocs trop chics, et un sac à dos rose pour notre enfant.

Puis nous rentrons, remontons nos fesses et Perceval sur le bateau, traversons le bras du Mékong et rejoignons notre hôtel

 Le lendemain sera le jour du retour. Même procédé qu’à l’aller, sauf que nous voulons vérifier un dernier truc avant.

Quelques 20 kilomètres au sud de Kratie, sur le chemin du retour ou presque, se trouve la petite ville de Chhnong, qui est sans intérêt majeur, si ce n’est cet ancien relais de voyageurs, posé au bord de l’eau et ayant gardé son aspect de l’époque coloniale, décorations inclues.

C’est aujourd’hui un hôtel, devenu chicosse, et qui propose de la restauration par voie alimentaire.

Oui un restau.

Alors on se tape une délicieuse cloche, et repartons ensuite dans notre van pour rentrer à Phnom Penh.

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