Oh, mon Bato.

Warning : Ce texte s’adresse aux grandes personnes, il n’y a pas d’image. Simplement de la documentation.

L’arrivée par bateau à Bato (je t’en prie, elle est pour moi), est sublime.

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Un petit port de pêche breton, mais sous les cocotiers avec une immense plage de sable blanc. On descend, on se fait alpaguer par les chauffeurs de tricycles, on a l’habitude maintenant, non, non merci, on va marcher, c’est à 500m d’ici, et on se retrouve dans un petit terminal de bus où se résident majoritairement des vans climatisés. Nous voulons rejoindre le Nord de Leyte pour y passer la nuit dans l’idéal. Mais comme rien n’est joué niveau distances dans ce pays, on est prudent.

– Where you goin’ Sir ?

– Tacloban.

– Want a air con ban (ouais, ils prononcent le mot comme les Espagnols), Sir ?

– Non, the bus will be okay (ouais, Aurel a un peu l’accent Texan, moi aussi je trouve).

– Ok, just wait here, a bus is comin’ (il nous montre un banc à l’ombre).

(Bon, j’arrête les parenthèses)

Bonjour le banc ! On va prendre le temps d’apprendre à se connaître.

D’abord, on a faim. Crispy chicken, raviolis aux crevettes, puis quelques pâtisseries au bakeshop du coin (Aurel te dirait que le terme pâtisserie n’est pas très adapté vu qu’ils ne font de des genres de brioches Pasquier avec du sucre dessus).

J’avais dit que j’arrêtais les parenthèses.

Et puis on s’installe sur le banc.

D’abord, je vais te décrire le coin. Derrière nous, des vendeurs de conneries à manger. Paquets de chips, bols de nouilles déshydratées, drôles de noix de coco qu’on sait pas ce que c’est, jus de fruits 100% chimiques.

Encore derrière, des vendeurs de fruits.

A notre droite, derrière un pilier, le banc se prolonge, mais vu qu’on est aux Philippines, le détail qui fait la séquence Karambolage sur Arte est bien présent : Face à ce banc-là, il y a un karaoké.

Donc un mec qui chante, comme d’hab.

Sur le banc, 40 personnes qui regardent. Et face à nous, la valse des vans et des racoleurs pour les remplir.

Un van arrive, le chauffeur en sort, poirote, glande pas mal en fait, et son pote va voir la terre entière pour savoir où elle veut aller.

Et ils te les remplissent comme ça, les vans. Donc ils viennent nous voir, on répond Tacloban, ils nous montrent leur van, on dit non, on prend le bus, et cette scène se répète trois fois, cinq fois, sept fois…

Jusqu’à ce qu’on les connaisse tous et qu’ils nous laissent tranquille.

– But there is no more bus to Tacloban today, Sir !

Ah bon ? Tu veux dire qu’on attend depuis une heure comme ça pour rien ? Nan, à tous les coups c’est une connerie pour nous faire monter dans son van.

Un petit marchand de saloperies à manger bien sympathique s’intéresse à notre sort. Meuh non, ne les écoutez pas, ce n’est pas parce qu’on est Dimanche que les bus pour Tacloban s’arrêtent de passer à 13 heures ! Il y en a tout le temps, des bus ! Il y en a même pour Manille, alors vous savez !

Comment ça pour Manille ?

Trouve-toi une carte des Philippines pour comprendre notre incrédulité. Non, attends, je vais t’en trouver une.

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– Un bus ? Vous êtes sûr ? Mais il prend le bateau ?

– Evidemment oui ! Il vient de Bohol (donc là où on était ce matin), prend un ferry, passe par ici et va à Manille.

– Et il met combien de temps d’ici ?

– Vingt heures. Mais attention, c’est un bus super confort avec les banquettes qui s’allongent, la clim, des toilettes et tout le luxe qu’il est nécessaire de trouver pour faire un si long trajet !

Alors ça, c’est intéressant. Parce que nous devons, rappelons-le, être au Nord de Manille dans exactement quatre jours. Et ce bus pourrait nous faire gagner du temps. C’est un peu hors budget pour nous (#Manu) mais au final, tous les trajets mis bout à bout reviennent au même. Et puis on n’est pas obligé d’aller jusqu’à Manille. Vers Naga (cf la carte, à mi-chemin entre les deux) il y a un endroit qui a l’air pas mal non loin d’un volcan pour passer le nouvel an. D’autant plus qu’un voyage pareil, c’est une expérience.

– Il passe quand, ce fameux bus pour Manille ?

– Ce soir vers 17h.

Il est 13h30.

Bon, bah on va aller se rasseoir sur notre banc.

C’est class.

Tu vas peut être nous prendre pour des imbéciles heureux, mais on a passé des supers heures sur notre banc.

On a rencontré plein de monde, les racoleurs nous faisaient des blagues, les gamins venaient nous chanter des chansons de Noël pour nous soutirer un Peso, le mec du karaoké s’est mis à chanter des chansons à peu près potables, un chauffeur de van est venu discuter de politique avec nous, et on a vu le soleil décliner sur notre terminal (au bout de toutes ces heures c’est un peu le nôtre aussi) et la foule déserter peu à peu les lieux.

Il est 17h. Pas de bus, mais on ne s’alarme pas, la demi-heure de retard syndicale n’est pas encore écoulée. Un racoleur qu’on ne connaissait pas encore vient nous demander où on veut aller. On lui répond.

– Ah mais il n’y a pas de bus pour Manille aujourd’hui.

Bon, on commence à être habitué à entendre tout et son contraire, mais il ne s’agirait pas que ce larron ait raison, sinon, on se retrouve un peu cons.

Il y a une nana assise à un genre de bureau à une dizaine de mètres face à nous et qui nous a lorgnés toute l’après-midi sans jamais bouger.

Elle semble travailler ici. Aurel décide de mener l’enquête, vu que notre vieux vendeur de saloperies sympathique a déserté son stand. Mais si, bien sûr qu’il y a des bus pour Manille aujourd’hui ! Il y en a même 3 qui sont passés depuis que vous êtes là !

Tu souris ? Nous aussi. Alors c’est quand qu’on part ?

Elle se renseigne. Envoie un texto. Revient vers nous. Vite, il faut que vous alliez à la station essence là-bas, le bus arrive, il ne passe pas par le terminal !

– Quelle station essence ?! Où ça ?!

Elle appelle un pote à elle qui a un tricycle sportif (= vélo). Le mec arrive en souriant et sans comprendre pourquoi tout à coup c’est la panique.

Un racoleur avec qui on a sympathisé débarque et engueule la meuf. La panique s’arrête net. En fait, le bus va passer par le terminal.

Ah, les Philippines et la pêche aux infos !

Le soleil se couche. La lumière est incroyable. Pour mieux apprécier tout ça, je laisse Aurel quelques instants et me dirige vers le port pour avoir une vue dégagée sur ce spectacle. Du rose, du orange, du violet…

Il y a un bateau qui débarque, là. Il y a un bus qui approche. Ca ne serait pas celui qu’on attend depuis  5 heures par hasard ?

Je repars au Terminal en pressant le pas.

J’informe mon mari de la tournure des évènements, il va se renseigner. Un bus passe près de lui, il tente de l’arrêter. Le chauffeur lui fait signe de dégager, circulez, y a rien à voir.

Aurel revient brocouille. Puis tout à coup, notre racoleur du Dimanche nous fait savoir qu’il va falloir se tenir prêt, ça y est, Jésus revient ! On prend nos sacs et on change de rue (donc finalement il n’est pas passé par le terminal).

Le bus arrive à notre hauteur. Le chauffeur roule au pas mais ne s’arrête pas. Notre racoleur lui dit quelque chose. A contre cœur, le chauffeur nous laisse monter.

Ca y est, notre long voyage peut commencer.

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