Après tout ce luxe et toute cette glande, il sera temps pour nous de partir de Mussoorie pour commencer à Voyager en Inde.
Pour de vrai.
Pas à moitié.
Ceci est le début d’un road trip de montagne qui se fera en plusieurs étapes et fera de nombreux envieux.
Pour différentes raisons
La première étape commence maintenant et à pour surnom :
La route des Pommes !
Pour notre départ de Mussoorie, le soleil a remplacé agréablement les nuages permanents de ces quatre derniers jours.
C’est de bon augure, et nos osses sont contents.
Mussoorie et ses notables Indiens sont derrière nous depuis quelques kilomètres, la route serpente à l’aplomb d’une des nombreuses vallées qui peuplent l’entrée sud de l’Himalaya.
La vallée s’offre à nos yeux quand soudain le ventre de Claire gargouille…
Elle à faim et, comme vous le savez, c’est dangereux de la laisser dans cet état là, nous nous arrêtons prendre un petit déj.
Omelette aux oignons, tomates et les inévitables tranches de piment, accompagnée de quelques chappattis et d’un massala chai.
Que demande le peuple ?
Une nouvelle copine chenille, mais c’est optionnel.
Au bord de la route, sous un soleil bleu vif, face à un panorama d’un vert riche profond et bien portant. Il fait frais et les oiseaux chantonnent un hymne à la vie ravigotant.
Beauté des lieux, gentils sourires des autochtones, soleil et quelques instants de félicité plus tard nous entamons la descente.
Pour que vous ayez une vision à peu près claire et précise de ce qui nous attend, sachez que nous quittons Mussoorie pour rejoindre le Ladâkh, là-haut dans les montagnes.
Et ainsi, passer de 2000 à plus de 5000 mètres, et ce (toujours pour que vous compreniez un minimum) par la montagne, par la route et à moto.
Ce seront plus de mille cinq cent kilomètres de montées de descente, de courbes, d’à-pics, de changements climatiques, et tout ça sur des routes de montagnes allant de la voie rapide dans la vallée au chemin de pierre à l’aplomb de précipices majestueux.
Imaginez, esprits fertiles, un labyrinthe en 3 dimensions. Comprenant plusieurs sorties et de nombreuses impasses.
Un labyrinthe formé de vallées, de cols, d’innombrables routes et d’indications en Hindi.
Et c’est comme ça que notre étape d’aujourd’hui, courte pour raison de convalescence, sera de 80 kilomètres, pour effectuer un trajet d’oiseau d’à peine 30, et rejoindre Naugaon, mille mètres plus bas.
Attaquons la grosse descente en sifflotant, et en en prenant plein les yeux. Trente kilomètres de zigzags, pendant lesquels nous croisons quelques vaches, quelques chèvres, un ou deux humains souriants…
… et un blanc, d’environ soixante-dix ans, à vélo, chargé de sacs et qui monte.
Même pas essoufflé.
Sur la route nous croisons notre joueur de cricket et ses poteaux, partis regarder une jolie cascade, et je suppose, boire quelques verres histoire de continuer à profiter de leur weekend de repos.
Nous voilà en bas. Dans la vallée. Etroite.
Et comme de bien entendu, au milieu coule une rivière.
Deux changements majeurs à signaler : Il fait très chaud et la route bitumée laisse sa place à un chemin humide de terre et de roche sur quelques centaines de mètres.
Histoire de nous entraîner pour la suite, mais c’est pour plus tard…
Nous franchissons l’impétueux cours d’eau (ce qui est fastoche car cette fois il y a avait un pont) et reprenons une route presque digne de ce nom à flanc de montagne.
En longeant la rivière. Cela monte lentement et nous laisse le temps de nous émerveiller.
Sauf quand la route à été défoncée par des éboulements de roche, car dans ces moments la concentration la plus totale est de mise.
Le reste du temps aussi notez, car la route est étroite, que nous croisons régulièrement des bus, camions ou autres taxi-brousse locaux (de rustiques 4×4 chargés d’une bonne douzaine de personnes entassées).
Et qu’il n’y a pas souvent de parapet pour nous éviter le grand plongeon en cas de fausse manœuvre. Et quand il y’en a…
Cette mise en bouche nous verra arriver à Naugaon en fin d’après-midi.
Naugaon est une petite ville.
Vivant un embouteillage presque permanent.
Comme toutes les villes de montagne indiennes se situant à la croisée des routes, c’est le point de départ des bus et taxis communs.
Et ses rues sont étroites.
Bref, un beau bordel, où nous trouvons un hôtel, tenu par des enfants, avec une vue sur la vallée pas dégueu.
En revenant de dîner, un homme nous alpague. On papote et il nous propose de passer dans son magasin le lendemain matin, histoire de boire un chai.
Loin des attrapes-touristes de Vârânasî qui vous invitent à boire un thé pour vous vendre leurs saloperies, car son business à lui ce sont des cartons pour les pommes et du ciment.
Des pommes ?
En Inde, dans la montagne ?
Partout ! Et ce n’est que le début.
Nous sommes sur la route des pommes, il va falloir s’y faire, et en plus c’est pile la saison des récoltes.
Et c’est ainsi qu’après une bonne nuit dans la vallée, nous reprenons notre chemin et nous dirigeons vers Tiuni, point arbitrairement choisi sur la carte pour faire une halte avant d’aller à Rohru, en suivant les conseils du vieil homme de la veille qui est devenu entretemps le vieil homme du matin avec sa femme et un thé.
La route est belle à défaut d’être bonne, et nous continuons à naviguer dans un environnement apaisant et beau.
Nous passons un col, puis redescendons.
Une pause déjeuner dans un petit village encaissé dans la vallée …
et le côté apaisant de l’environnement laisse place à notre première route difficile. Mais toujours dans un cadre merveilleux.
Adieu le bitume, bonjour la boue, les cailloux et les arbres couchés sur la route.
Un tractopelle déblaie pendant que Claire devient pote avec des buffles aux yeux bleus.
Et nous repartons, mettant fin à cette idylle.
Et puis après quelques kilomètres à en prendre plein le sensoriel oculaire….
…nous arrivons à Tiuni, pour une nouvelle nuit sous les étoiles face à la montagne.