Toi, t’es trop VIIIIIPPPPP !

Désireux de vous faire partager des aventures aussi rocambolesques que diversifiées, rendons nous aujourd’hui à Kuta Bali.

Pour information, Bali est une île bien connue pour son tourisme de masse.

Tapez Bali sur govoyage.com, et vous trouverez tout un tas de package en hôtel 3 étoiles avec circuit culturel et culinaire, spectacles de danses traditionnelles, visites de temples hindouistes et photos avec des nanas déguisées en habit traditionnel.

Genre ça.

Eh bien il faut savoir que Bali n’est pas considérée par les Indonésiens comme étant culturellement en Indonésie.

Pour eux, Bali se rapproche plus de l’Australie de par ses infrastructure et surtout ses visiteurs, à grande majorité mangeurs voraces de Burgers BLT et de Kangourou Steak.

Car Bali, c’est un peu notre côte d’Azur à nous, mais soldée à 70% (je crois que c’est les soldes en France, non ?).

C’est tout près, il y fait chaud, il y a des routes goudronnées qui sont réparées dans l’heure si une poule avait la mauvaise idée d’y faire son nid, des complexes de shopping dignes de Créteil Soleil, le long de plages où les rouleaux font rêver les surfeurs du monde.

Ensuite, les locaux s’accordent aussi à dire qu’il y a deux Bali : Bali Nord, qui est encore légèrement préservée des complexes hôteliers et des Clubs Med en tous genres, et Bali Sud, définitivement perdue par l’Indonésie au profit de l’Australie.

D’ailleurs, quand vous allez voir le monument aux morts en l’honneur des victimes de l’attentat de 2002 (une bombe qui a explosée à la sortie d’une boite ? Non ? Wikipedia), les noms sont rangés par nationalité. Et l’Australie gagne haut la main « le combat » (88 morts), surpassant largement les amerloques, les rosbifs, les japs et les Indonésiens eux-mêmes, qui n’arrivent que deuxièmes.
Soyons chauvins : 4 français.

Et puis dans Bali Sud, il y a un endroit vraiment too much, tous les Indonésiens sont d’accord pour le dire, c’est Kuta.

Les prix sont presque les mêmes qu’en Europe ! Et là-bas, les indonésiennes qui y vivent n’ont vraiment pas froid aux yeux ni au cul. Dans un pays à 70% musulman, c’est sûr, ça la fout mal de voir des locales se tortiller sur des pool dance.

Et enfin, dans Kuta Bali, l’endroit le plus dépravé pour les locaux, là où tous les Aussies-Junkies-Surfeurs-Gosses-de-riches se retrouvent autour d’une Foster en fumant des Winfields et en regardant les All Blacks foutre une branlée aux Wallabies, comme toujours : Poppies Lane.

C’est le place to be quand on est jeune, trop tendance, et qu’on vient à Bali pour quinze jours. Il y a deux rues qui s’appellent Poppies Lane. Du coup, ils les ont appelé Poppies Lane I et Poppies Lane II. Malins!

Dans Poppies Lane la deuxième, vous trouverez des filles de joie qui vous font des massages avec happy ending, des types qui vous proposent toutes sortes de drogue (peine de mort, trop tendance !), des Magic Mushrooms (entendez champignons hallucinogènes pour les vieux) qui eux sont en vente libre (… ?), des types bourrés et stones à 15h30, qui se baladent avec leur planche de surf pour la faire farter parce que ce soir, ils se tapent un night ride (oh, yeaaaah !!).

Voilà. Je voulais vous planter le décor pour comprendre la claque qu’on s’est prise en arrivant ici.

Parce que notre hôtel donnait directement sur Poppies Lane II.

Mais qu’est-ce qu’ils sont venus foutre dans ce Miami Indonésien, me direz-vous ?

A votre avis ?

Retrouver un Australien, pardi !

C’est dépassé, de retrouver des Australiens en Australie !

Ca se faisait encore vite fait en 2010, mais maintenant on les retrouve dans des endroits exotiques.

Mercredi 27 Février 2013, 15h30.

Nous sommes partis de Gili Air, le cœur un peu gros de quitter notre paradis perdu, la mer qui nous disait bonjour dès qu’on sortait sur notre terrasse, nos cocktails au coucher du soleil et notre naturelle qui apaisait l’esprit.

Embarquement sur le seul bateau rapide qui va à Bali aujourd’hui, car avis de tempête. En voyant la mer, comme ça, je n’y ai pas cru. Mais une fois en pleine mer, j’ai bien compris qu’il y avait bien une raison à réguler les compagnies en charge des traversées.

Les montagnes russes ! Des vagues, des creux de 3 ou 4 mètres, ah, tiens, j’ai vu un dauphin, ça tangue, mais ça va vite, donc je supporte, comme toujours. Mon mari dit souvent de moi que je ne suis pas une fiotte. Et une fois de plus, il a raison.

Ensuite on débarque au Nord de Bali, je remarque que la côte est BLINDEE de resorts et de cours de plongée, donc mon œil que le Nord est plus préservé.

Mais pas le temps de vérifier la suspicion, c’est parti pour deux heures de minibus avec des amerloques qui parlent très forts et s’engueulent parce que franchement, t’aurais pu prendre un autre bateau pour faire cette traversée, j’ai cru que j’allais mourir. Mais c’était le seul bateau de la journée, Ashley ! Ouais mon cul, je suis sure que tu l’as fait exprès.

Puis arrivée à Kuta. Nous devons retrouver Shaun dans son hôtel, il nous a réservé une « chambre décente » selon ses propres termes. Shaun est là pour affaires, il travaille pour la plus prestigieuse université de Perth et il vadrouille dans le monde pour dénicher les futurs prix Nobel.

Nous passons les portes du Sheraton, grimpons les marches avec nos habits poussiéreux, transpirants, portant nos sacs à dos qui commencent à ressembler à des torchons sales, et retrouvons Shaun dans le hall qui nous ouvre grand les bras.

Il sent bon le parfum à 200€, lui. Il a une chemise noire impeccablement repassée. Il est massif. 100% Australien qui se porte bien. Il nous ordonne de nous débarrasser de nos sacs et de les donner aux grooms qui nous délestent déjà en les posant sur des chariots. Puis il nous ordonne de le suivre.

C’était la première fois de ma vie que j’entrais dans un Sheraton. Le hall d’entrée ne paye pas trop de mine. Mais vous montez les escalators, et là vous tombez sur une immense salle/bar jazz avec vue plongeante sur la piscine, qui elle-même a une vue plongeante sur la mer.

C’est haut de plafond comme 3 étages, et un groupe de jazz vous fredonne gentiment de la bossa nova pendant que vous travaillez sur votre I-Pad. Nous suivons un couloir, discutons quelques instants plans pour ce soir, puis Shaun ouvre une porte en nous présentant à notre chambre.

Ma première réaction a été de rigoler à gorge déployée. Je n’avais vu pareil cadre que dans les films.

Un pièce blanche immaculée, un lit de 1,5m de haut et de 5m², des oreillers partout, une salle de bain avec une grande baignoire et une douche, séparée de la chambre par une vitre pour pouvoir voir la mer quand on prend son bain, un dressing, une douchette qui vous nettoie les fesses quand vous allez aux toilettes, des peignoirs, une terrasse…

Le luxe après presque 3 mois d’hôtels bof, miteux, carrément crades, ça peut aller, au moins ils ont du wifi, et ce serait bien s’il y avait une fenêtre.

Le groom débarque avec nos sacs, et Shaun nous propose de profiter du cadre, de la piscine, de la salle de gym, du matelas, de tout ce qu’on veut, et on se retrouve ce soir dans sa chambre au coucher du soleil pour boire des bières et de la vodka. Il me donne le coup de grâce en ajoutant que le petit déjeuner buffet est inclus dans la chambre.

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Je crois que je n’ai jamais autant profité du moment présent. Nous n’avons pas fait grand-chose cette après-midi-là, mais nous avons vécu un moment de pure délectation.

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Au coucher du soleil, nous voici dans la suite de Shaun, qui ressemble à notre chambre avec un salon en plus, une chaine Hi-Fi et une machine à expresso.

La terrasse est plus grande et plonge dans la mer. Coucher du soleil arrosé de Bintang, accompagnés de Simon, très bon ami et collègue de Shaun, puis nous allons dîner.

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« Alors, nous demande Shaun, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? »

Moi : Un Steack !!! On est en Australie ou pas ? Je rappelle que je vendrais père et mère pour manger de la viande rouge bien saignante.

Nous descendons au resto de l’hôtel. C’est buffet.

Buffet du Sheraton, donc je vous laisse imaginer tout ce qu’il peut y avoir. Il y a des sushis. Il y a des plats indiens. Il y a du fromage (du fromaaaaage !!!!).

Et il y a des steaks.

S’opère alors chez Aurel et moi une chose qui ne s’est pas produite depuis longtemps : Nous mangeons, sans jamais se sustenter. Entrée, plat, plat, fromage, dessert, dessert, dessert. Mon estomac n’a plus l’habitude. A la fin du repas, j’oscille entre joie et envie de vomir. J’ai dépassé mes limites. J’ai voulu goûter à tout.

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Puis Shaun nous emmène dans un bar avec musique live très forte et commande des shots de B52 pour les fins connaisseurs.

Un truc que je n’ai pas bu depuis mes 21 ans. Ils font cramer du Baileys, du Kaluha et je ne sais plus quoi au chalumeau, puis il faut aspirer le tout avec une paille.

Vu qu’on s’est fait entretenir comme des prostituées jusqu’à maintenant, et bravant mon mal de ventre qui se fait de plus en plus insistant, j’inaugure le cocktail… Puis m’en vais vomir vaillamment dans les toilettes.

La mission pour la suite de la soirée sera de gérer ces maux de ventre dont Aurel et moi souffrons tout en buvant les bières que l’on nous offre et en rêvant secrètement à notre lit de rois.

Nous partons au Sky Garden, à quelques mètres de là, une boite de nuit sur cinq étages avec danseuses Indonésiennes comme je vous narrais à l’instant. Puis vers minuit, exténués par nos aventures et notre combat contre nos estomacs, nous abdiquons poliment en se disant que demain sera un autre jour.

Et c’est bien le cas.

Une bonne nuit de sommeil là-dessus et il n’y parait plus. Petit déjeuner buffet, œufs brouillés, bacon, hashbrown potatoes et backed beans plus plein d’autres trucs mais nous avons appris notre leçon : Ne pas engloutir 5 kilos de bouffe.

Puis moulardise sur les transats au bord de la piscine.

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Nous retrouvons Shaun et Simon qui ont travaillé toute la matinée, nous reposons, nous faisons arroser la face de brumisateur parfumé par les employés de l’hôtel, Aurel se voit offrir des glaçons durant son bain dans la piscine, et un Indonésien dédié à notre confort nous déplace notre parasol au fur et à mesure que le soleil décline.

Nous ne faisons rien de très constructif, en somme. Mais nous le faisons bien.

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Puis rebelote.

Coucher de soleil sur la terrasse de Shaun avec deux autres personnes qui s’ajoutent à la joyeuse bande de VIP : Un autre Simon et Raoul, un mi-Indien mi-Philippin qui vit à Kuala Lumpur et qui s’avère hautement sympathique.

Puis dîner dans un restau chic de Poppies Lane I.

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Et là, l’improbable se remet en marche.

Vincent, le lycée Condorcet, Saint Maur des Fossés, les échecs, les chats et les modos, les soirées chez lui, les dîners de raclette et de fromages en tous genres, la classe à la Française, le bourreau des cœurs de la Terminale L1 nous rejoint avec Anne, sa compagne qui ressemble à s’y méprendre à ma cousine Alice.

Pas de panique : C’était prévu. Vincent et Anne vivent depuis deux ans à Jakarta et cela fait quelques semaines qu’on sait que nous allons nous retrouver pour boire un coup.

Ils passaient par là car ils faisaient un reportage sur une île plus à l’Est (journalistes de métier), et sur le point de repartir définitivement en France, ils sont passés par Bali pour nous faire une bise et prendre un peu le soleil.

S’en suit un débat intergalactique sur les inventions Françaises contre les inventions Australiennes. Vain débat, puisque l’Australie est un bébé de 200 ans et ne peut rivaliser avec tous les génies et ingénieurs qui sont nés en sol Français. Mais on leur a fait croire qu’ils avaient gagné.

La suite de la soirée ressemble à s’y méprendre à la veille, au détail près que nous n’avons pas mal au ventre.

Du coup, la tournure qu’elle prend est plus festive.

Les protagonistes désertent progressivement notre table dans le bar musique live tandis que nous nous tapons consciencieusement une bouteille de Vodka.

Le démon de minuit s’empare de moi et tous deux enflammons le podium de l’une des salles du club. Je lance mes tongues à la foule, dont l’une tombe maladroitement sur la tête du barman.

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On ne me tient plus. Retour à 3h30 à l’hôtel, plongeon dans la piscine, puis notre journée 100% ViPPPP s’achève.

C’est quand même bien d’être riche.

Le lendemain, le réveil de star qui s’est pris une bonne murge est de mise. Heureusement, une bonne nouvelle nous attend : Grâce à notre héros de Bali, le Minotaure de Perth, le Rockefeller de nos cœurs, nous sommes autorisés à prolonger notre luxe d’une nuit, moyennant un montant absolument ridicule, merci les Miles de Shaun.

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Nous retrouvons Vincent et Anne pour un déjeuner dans les rizières où Romain, un Français de Saint Maur vit depuis 9 ans à Bali et a ouvert un restau, en plus de plein d’autres business qu’il invente comme il respire.

Vincent et Anne nous parlent justice, politique et extermination en Indonésie. La conclusion est la suivante : Ils sont encore loin de la belle démocratie dont ils rêvent, ces Indonésiens.

J’émerge de ma gueule de bois vers 18h, mais le manque de sommeil et la volonté de profiter encore un peu de notre chambre nous conduit à renoncer à accompagner Shaun et la bande dans d’autres pérégrinations où vice et dépravation sont maîtres mots. En revanche, nous arrivons à payer notre premier verre à Shaun en remerciement de tout ce qu’il nous a fait vivre depuis que nous sommes arrivés, car il nous a bien arrosés, autant que de jeunes pousses de riz.

A 22h, je baisse les armes et m’endors comme un tas devant le National Geographic.

La classe internationale.

Le lendemain, il va bien falloir mettre un terme à tout ce luxe. Mais pas trop vite.

Dans les palaces et quand on est un membre Premium, on peut rester dans la chambre jusqu’à 16h. Nous la quitterons à 15h40, nos sacs sur le dos, repartis pour de nouvelles aventures.

Les employés du Sheraton nous regarderont passer dans les couloirs avec des yeux ronds. Puis la magie des gens riches laisse place à la magie du voyage au long cours.

Nous marchons dans les rues de Kuta, trouvons un Bemo qui nous emmène à Denpassar, capitale de Bali. Nous souhaitons nous rendre à Ubud, dans les terres, là où la culture Balinaise est soi-disant la plus présente et authentique.

Mais la lenteur du trafic aura raison de notre projet : Nous arrivons trop tard pour rejoindre Ubud en transport en commun.

Tant pis. Fuyons Bali, partons à Java. Un bus de nuit pour le parc National de Bromo part dans deux heures. C’est parti.

There are no words to say how much I’m thankful for what you did for us, Shaun. I’ve already deeply thanked you, I don’t know if I could give it back to you one day, but you’ve made us live the most improbable adventure in my whole life so far.

Cheers, mate !

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Une réponse à “Toi, t’es trop VIIIIIPPPPP !

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