Bénarès, une ville sacrée, des vaches, 350 chevaux, des gamins, des toits vivants et de l’eau jusqu’au mollet

A Bodhgaya, où nous attendons notre train pour Vârânasî, retardé de quelques heures.

Du retard donc que nous mettrons à profit, grâce à la gentillesse de l’un de nos voisins de table du restaurant Lotus où nous avons établi notre quartier général.

Car c’est ici que nous patientons, en attendant notre train devant partir à 15h mais qui ne nous prendra sous son aile qu’à 20h49.

Et pour passer le temps, les clients du Lotus nous offrent un spectacle rare et qui donnerait presque à penser que les relations œcuméniques peuvent exister sereinement.

BLOG LES INDIENS

En effet, ce jour est à marquer d’un cri de joie pour nos frères (ou cousins) musulmans. Après plusieurs semaines de Ramadan, ça y’est, c’est l’Aïd (ou Eid comme cela se dit ici et probablement ailleurs).

Au Lotus il y a deux musulmans, 3 bouddhistes (dont un moine) et une demi-douzaine d’Hindouistes (dont un moine), et tout ce beau monde (surtout les musulmans qui ont sorti leurs habits de gala) célèbre l’Aïd.

Cela donne un musulman qui dort sur les genoux d’un autre musulman qui lui rigole, fume des clopes et boit du thé.

Et le reste de l’assemblée (moines mis à part) qui s’arsouille correctement à coup de «whisky » indien.

Et nous pendant ce temps ? Nous ne sommes ni musulmans, ni hindouistes, ni bouddhistes, mais pour que la fête multiconfessionnelle soit parfaite, nous voilà subitement invités à déguster l’alcool local. Pas dégueu.

Un verre, deux verres et le temps de s’apercevoir que tout le monde est bourré (oui même les non-buveurs) et il est l’heure de reprendre la route.

Direction Gaya en Tuk-tuk.

Gaya que nous parcourrons en attendant le train.

Blog gamins Gaya

Gaya qui est une ville avec d’accueillants habitants, dont ce monsieur souriant qui se balade, poulet vivant à la main.

Blog monsieur poulet

Puis observons la gare

Blog quai gare de Gaya

Blog gare de Gaya

Et nous voilà enfin dans le train.

P1080680

Le train qui essaye de combler une partie de son retard et tente de nous faire arriver à Varanasi avant minuit. A force de tout donner le pauvre vieux est crevé et obligé de faire une pause d’une heure quelques kilomètres avant d’arriver.

Du coup nous déboulons à 1h30 dans la gare grouillante de Vârânasî .

Sur le parvis, des centaines de personnes dorment, papotent en attendant quelque chose. Un train ou autre, nous n’avons pas fait de sondage.

Une centaine de tuk-tuk est là également.

Reste plus qu’à nous trouver un toit. Dans ce pays où les Guest house ferment leurs portes à 22h, c’est pas gagné.

Sauf que !

Sauf qu’un monsieur qui nous fait la causette depuis le quai de la gare connait une super Guest house et qu’en plus, coup de bol monumental, il est chauffeur de Tuk-tuk dis donc !

Du coup le prix de la course devient symbolique, alors comme on n’a rien à perdre, vu que si sa Guest house nous déplaît on sera en plein centre du quartier des guest houses, on lui dit bingo !

S’ensuit une course sans poursuite, à fond les ballons du petit moteur de scooter, dans les rues désertées de Vârânasî.

Désertées par les humains, c’est l’heure de joie pour les clébards qui pillent les poubelles, se reproduisent ou se font des bastons généralisées façon West Side Story (mais avec les dents).

C’est l’heure aussi pour les vaches de passer une bonne nuit au milieu de la chaussée, sans se faire emmerder par tous ces humains.

Et nous voilà arrivés. La Guest house est bien, à un prix raisonnable malgré la commission que va se prendre notre chauffeur.

Tellement bien que nous allons y passer une bonne semaine.

Une grosse nuit et nous voilà prêts à découvrir la ville.

Vârânasî est une ville sacrée.

Au bord du Gange, la Ganga Mayia, la mère Gange pour les Hindous, et dédiée à Shiva, le dieu destructeur Hindou.

Blog le Gange et la ville

Une des plus anciennes villes du monde, habitée sans interruption depuis 700 ans avant notre petit Jésus et avouez que ça ce n’est pas de la roupie de sansonnet.

C’est aussi ici que Bouddha à fait son premier speech à la populace après sa naissance divine à Bodhgaya (voir ici).

Autant dire que Vârânasî attire du monde, pèlerins hindous, touristes du monde entier et quelques indiens des campagnes venus tenter leur chance dans cette grande ville de 10 millions d’habitants.

Et cela crée un bizeness parallèle important.

Vous y trouverez un horde de gens souhaitant vous faire visiter le magasin de soieries (spécialité de la ville) de son frère, ou boire un chai dans la boutique d’instruments de musique (spécialité locale) de son cousin, ou vous faire découvrir le lieu de cérémonie mortuaire traditionnelle gratuitement si vous avez quelques centaines de roupies à donner aux familles les plus démunies, voire encore vous vendre de la marijuana dans leur magasin gouvernemental.

Et tout un tas d’autres petites entourloupes qui feront de votre quotidien un petit spectacle de rue incessant, et vous donneront l’occasion de tester toute forme de rebuffades, de la plus gentille à la plus cynique.

Mais ne résumons bien sûr pas cette ville à ces petits désagréments.

D’abord c’est une ville sacrée, alors ça se respecte.

ça se respecte mais n'empêche pas de jouer au cricket

ça se respecte mais n’empêche pas de jouer au cricket

Ensuite c’est joli, on se croirait dans un monde passé qui n’aurait pas ou peu changé.

La vieille ville est composée d’un dédale de petites ruelles colorées, ou pas, dans lesquelles se croisent difficilement touristes, pèlerins, vendeurs de Chai, motos, vaches, chiens, attrape-couillons et j’en oublie sans doute.

Blog Ruelle

Blog mur de la rue

Les temples et les habitations se mêlent, la vie se fait dans la rue pour sa partie commerciale,

Blog commerce

et –pour la partie ludique – sur les toits où s’opère un spectacle géant de joueurs de cerfs-volants, des matchs de cricket, des joueurs de cartes, des singes en pagailles.

Blog jeu de cartes

Oui ce sont des gamins qui jouent au cricket

Oui ce sont des gamins qui jouent au cricket

Cherchez les singes, il y en a douze dans cette image (cliquez pour agrandir si besoin)

Cherchez les singes, il y en a douze dans cette image
(cliquez pour agrandir si besoin)

Et le Gange bien sûr.

Objet de toutes  les attentions. Mère Sacrée à laquelle on accède, en temps normal par des ghâts, escaliers de pierre descendant sur une vingtaine de mètre jusqu’aux rives et permettant aux croyants d’aller se purifier de leur pêchés en se baignant dans l’eau boueuse du fleuve.

Une eau où si l’on n’est pas convaincu par l’hindouisme personne n’irait se baigner tellement elle est sale, mais cela, on le garde pour nous.

A notre arrivée, il ne restait des ghâts que les premières marches, avalées ensuite par le fleuve, à tel point que de mémoire de Varanasien, on n’avait jamais encore vu ça.

Blog ghat sous l'eau

Blog baignade de gamins

Du coup les ablutions se font dans les ruelles à l’aplomb des ghâts. c’est plus facile.

Blog ghat sous l'eau 2

Et c’est la même chose pour les cérémonies mortuaires, petit succès local et grande chance pour ceux qui y ont droit.

Car, imaginez, vous êtes Hindouiste, un peu argenté et complètement décédé.

Et en plus à Vârânasî.

Vous aurez la chance de pouvoir vous purifier totalement au Ghât de Manikanika (ou en l’occurrence dans les rues qui le surplombent) et ce, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, car c’est là, en pleine vieille ville que l’on pratique les cérémonies mortuaires.

Pour faire simple, vous êtes décédé, posé sur un lit de bambou et joliment emballé dans un drap de soie. Votre corps est plongé dans le Gange, on vous offre un dernier apéro en vous ouvrant la bouche pour que votre dernière boisson soit sacrée, puis on vous place dans un bûcher et quelques heures plus tard, vos cendres et quelques os récalcitrants sont récupérés et jetés au milieu du Gange.

Un spectacle un peu perturbant pour nous pauvre européens, mais permettant aux défunts de se laver de tout pêché et de rejoindre leur maman Ganga.

C’est dans cette ville que nous avons rencontré Emiline, une française vivant ici depuis quatre ans et qui à ouvert, avec le soutien de ses copains bretons, une école associative offrant à une trentaine d’enfants démunis une base d’éducation (lire, écrire, compter), leur empêchant ainsi de traîner dans les rues. Vous en saurez plus en suivant ce lien.

Blog Zindagi Gamins

le quartier des gamins

le quartier des gamins

C’est également dans cette ville que nous avons retrouvé notre indépendance – perdue au Laos quand nous avons du nous séparer de Perceval et Karadoc – en faisant l’acquisition de Rajesh, une jolie et rustique Royal Enfield Maschismo.

Rajesh prêt à prendre la route!

Rajesh prêt à prendre la route!

C’est Atul, un Brahman  ruiné il y a quelques années par les frais médicaux et la mort de son père, qui nous a trouvé et arrangé la vente de cette belle machine, à priori moins fiable que nos destriers précédents car Made in India, mais remise au goût du jour pour pouvoir parcourir 5000 km à l’aise, selon lui.

Atul c'est lui sur le scooter.

Atul c’est lui sur le scooter.

Car il est très difficile de savoir démêler le faquin de l’honnête homme à Vârânasî. Il y a tant de touristes que l’argent peut se gagner facilement. Nous avons une fois de plus écouté notre intuition lors de notre rencontre avec Atul, et nous avons bien fait. La moto est à un prix raisonnable (pour des étrangers), la mécanique a été révisée, des conseils ont été dispensés.

En gros, si vous cherchez à acheter une moto en Inde du Nord, je vous conseille d’appeler Atul. Il vend aussi des instruments de musique, joue des tablas, et est d’une très agréable compagnie. Je vous laisse son numéro de téléphone si ça vous intéresse : 0091 9415 618241.

Rajesh donc, qui nous emmènera à notre prochaine étape : Allahabad, autre ville sacrée, mais nous y reviendrons.

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