Nous revoilà, nous quittions Yogyakarta pour notre retour en Malaisie…
Et c’est comme cela que le vendredi 15, à 15h15, après plusieurs heures d’attente dans le joli terminal de Surabaya, nous nous envolons enfin vers Tarakan la maudite, où un pêcheur breton…
Tarakan l’île noire, où tout à basculé pour nous.
Tarakan l’île de lumières qui nous a fait rencontrer Heyri, et Nicko.
Tarakan où nous débarquons en ayant avancé notre montre d’une heure, sous une chaleur moite et nocturne, dans l’aéroport qui jalouserait celui de Betons-Bazoche (Seine et Marne)
Et retrouvons, notre morne rond-point où se trouve toujours notre hôtel Gatra et nos copines les blattes.
Déprime en vue ?
Possible hein?
Non mes corniauds, d’abord parce que nous allons récupérer nos mobs et ça c’est bien.
Et surtout qu’à notre arrivée à l’hôtel, c’est une réceptionniste euphorique qui nous accueille, les bras levés en signe de joie, et en nous parlant très vite dans cette langue incompréhensible mais nous comprenons tout de même ceci (aux erreurs de traduction près) :
– Oh vous revoilà ! c’est chouette de vous voir, vous vous êtes bien amusés ? Ici vous nous avez manqué. Comme je suis contente !! Herman viens voir qui est de retour….
Les enfants prodige de retour au village.
Et elle nous donne, malicieuse la clé de notre chambre.
Oui notre chambre, la 210, celle qui nous revient.
La nôtre.
Notre chambre, où hélas, notre blatte n’a pas survécu à notre absence, elle est là, sur le dos, sous le lit.
Requiescat in pace !
Mais pas de temps à perdre, à notre arrivée sur le rond point, nous avons vu de la lumière chez nos amis douaniers. Alors y faire un tour.
Il est 19h30.
Un jeune homme de garde nous demande « oui c’est pour quoi ?? »
On dit mob, il s’allume, ou s’illumine.
– Ah c’est à vous ?
– Oui,
– venez demain il y a des formulaires à remplir
– ok on peut juste les voir ?
– pas de soucis
(séquence émotion muette, larme à l’œil et bouche qui tremblote : ils sont là, en bon état et pas démembrés)
– Cool merci, bonne soirée !
Et nous retournons, à notre hôtel (pour ceux qui s’inquiètent pour nos semelles, soyez sereins, nous n’avons entre l’hôtel et la douane qu’une vingtaine de mètres à parcourir).
Là le gars de l’hôtel nous voyant revenir à pieds nous propose quelque chose de tellement inattendu que nous en restons comme deux ronds de flan.
Il nous propose pour nous déplacer, d’utiliser son scooter. Et gratuitement, ça lui fait plaisir.
Quand je vous disais qu’à Tarakan il fait bon vivre quand tu es l’enfant prodige de retour au pays.
Alors ok, merci monsieur moustache, et allons dîner. Et même boire une bière. Dans ce restau qui nous accueillit quelques semaines plus tôt en compagnie du vieux guide menteur Heyri.
Et une nouvelle surprise, nous y attendait. Ou plutôt un nouveau constat. On est devenu rien balaise en intégration Indonésienne.
Ce même lieu où quelque temps plus tôt, nous luttâmes pour savoir quoi choisir, pour nous exprimer, pour commander, régler…
Là nous nous y sentîmes comme des poulpes dans l’eau.
C’est bêta hein, mais on ne s’est pas vu grandir. Et il a fallu retourner dans ce lieu pour pouvoir comparer, en se disant qu’on voyait ça plus grand….
Bref, considérations métaphysiques de mes roustons, nous dînons, buvons une bière pour fêter nos retrouvailles mécaniques, et allons à la chasse de la nouvelle folie de Claire, le Martabak.
OUI !!! LE MARTABAK !!
Une tuerie, découverte à Bima peu après avoir croisé un gars avec un fusil de sniper sur sa mob.
Une tuerie alimentaire bien sûr, il n’y a pas de rapport de cause à effet avec le fusil à lunette.
Le Martabak ainsi qu’il s’appelle à Bima, est une sorte de pancake de 20 à 30 cm de diamètre, pliée en deux après l’avoir conséquemment beurrée et recouvert de chocolat ou/et cacahuètes pillées ou/et confiture de fraise ou/et fromage râpé… de nombreuses variantes existant.
Ma préférée étant la simple beurre cacahuète, voire avec du chocolat.
Donc après dîner et parce qu’un obèse mexicain nous a provoqué en disant : « je suis sûr que vous êtres même pas cap de faire mieux que moi !! », nous partons à la chasse au Martabak, enfin au Terang Bulan (lumière de lune) comme cela s’appelle ici, le Martabak étant dans ces contrées une sort de brik à l’œuf et aux légumes, donc moins bandant, vous en conviendrez.
Et nous trouvons…
Puis nous sommes invités à boire des alcools de marques luxueuses par nos voisins de palier qui se bourrent consciencieusement la gueule à l’aide de grands whisky chinois ( saisie de nos copines les douanes et qui a un goût de mauvais porto) puis de whisky malaisien copiant sans vergogne une marque mondialement connue mais que je ne citerais pas car je n’ai pas reçu ma commission).
Et tout ça dans un mug allemand faisant l’apologie de la France et de ses 2 CV.
Avouez que le terrible retour sur l’île Noire est finalement plutôt une réussite.
En fait de réussite, tout le reste du séjour le sera.
A une petite exception près, mais qui n’est pas une surprise : nos mob ne sortiront pas de la douane avant de monter sur le bateau.
C’est sans appel, même si nos douaniers auraient bien aimé.
Mais le lendemain matin, samedi donc, nous allons les voir, et le gars de la douane nous demande les clés. Pour les faire démarrer et s’assurer que nous n’aurons pas de soucis mécaniques lors de notre départ lundi matin.
Et sans frimer nous assistons à une double pétarade de départ de grand prix. Les bécanes vont bien, allons nous occuper pour combler ce weekend.
D’abord, un moyen de transport, un scoot.
Ensuite un petit déj au marché avec Heyri.
Enfin un brunch pour être précis. Avec du poisson grillé sous nos yeux.
On se pète littéralement le bide, tellement c’est bon et copieux et épicé.
Puis, le sens pratique étant un des adjectifs nous définissant le mieux, nous allons faire l’emplette de nos billets de bateau pour tous les 4.
Ben oui, Papa, maman et les deux enfants mécaniques de Claire ! Suivez un peu.
Ensuite on va vivre notre vie de famille éclatée Indonésienne en allant voire Michelle, la grande fille issue du premier mariage de Nicko (le fils d’Heyri) et qui est sous la garde de sa tante, la première sœur de Nicko (le fils d’Heyri), parce que sa grand-mère (une des femmes d’Heyri je suppose) est allée la chercher à Palu chez Nicko et sa nouvelle épouse il y a trois ans parce que elle ne s’entendait pas bien avec sa belle-mère…
En gros et pour faire simple.
Et depuis, elle n’a plus revu son père ni ses demis frangins et –gine.
Du Zola Indo hein ?
Nous nous promettons de repasser le lendemain avec les photos de sa famille que nous avons faites et en attendant allons lutter contre la canicule et la révolte sociale en allant se taper quelque glace bien dégueulasses qui auraient fait la joie de Flasa.
Puis passons faire un Bise à Agus, qui est trop content qu’on lui ait fait signe alors qu’il pensait qu’on allait l’oublier. On aurait pu, mais on aurait raté un dîner trop sympa. Mais ça c’est demain soir.
Puis parce que lutter contre la température écrasante est usant, allons faire une sieste dans la chambre 210, qui est réfrigérée.
Et bien réfrigérée, elle me collera une crève sur le coin des bronches, mais on s’en foutra, on sera à Tawau, à essayer de vendre nos mobs, alors !
Mais c’est pour plus tard.
D’abord retouvons Heyri pour un dîner, suivi, sans lui cette fois d’un…
Ben oui.
Une lumière de lune ! Vous savez bien…
Et un peu de Community et au pieu.
Car demain on n’a rien de prévu mais ça va être chargé quand même.
Car oui le lendemain il fait chaud.
Alors Nous allons à la plage. Celle où nous somme allés avec Agus il y a quelques semaines, mais on n’en dit mot à Heyri il pourrait être triste, déjà qu’on l’abandonnera ce soir pour le dîner…
On se fait des copains sur la plage (grâce au look qui tue de Heyri et il fait 40° pour votre information)
Ensuite on boit une noix de coco, comme quand on est en vacances, à côté d’une petite fille qui l’est aussi…
Puis une visite à Michelle pour lui filer les photos et on va chez Heyri qui a un cadeau d’adieu pour nous. Des très moches bagues dorées, mais il a la même alors ça a un petit côté émouvant.
D’ailleurs il est ému. Nous aussi un peu. Sauf Claire qui a faim.
Alors nous filons, je prends un douche parce que cette chaleur quand-même… et nous retrouvons Agus et sa gonzesse qui nous conduisent dans un restau Thai.
Je ne vois rien de Thaï mais je ne suis pas non plus un spécialiste. Agus me dit que je devrais essayer le poisson.
« Soit ! », lui réponds-je.
Et il m’entraîne vers les cuisines pour choisir celui que je veux. Comme sur le port de Cassis. Alors je regarde mais le problème est que les poissons qui me sont présentés sont pour trois personnes…
Pas grave choisis en un. Alors je choisis un joli poisson aux yeux doux et au sourire aimable.
Ce repas sera une orgie, encore, bercée par le flot de paroles joyeux et quasi-ininterrompu de la meuf à Agus, de considérations culturelles et religieuses, et durera très peu de temps.
Sur le chemin du retour, Claire, enceinte, demande si on peut s’arrêter pour trouver un…
Oui…
Et alors, façon patrouille de nuit, mais en plus Niçois (car Agus conduit mal comme un vieux méridional et très lentement), nous faisons le tour de tous les stands de Terang Bulan.
Misère !
Certains fermaient, d’autres n’avaient plus que du fromage…
Quand enfin, au détour d’une ruelle sombre le salut est là.
Certes il n’y a plus de cacahuètes, mais il reste du chocolat. Alors nous en prenons deux (oui NOUS, car Claire assume sa propension maladive et compulsive à chasser des Terang Bulan. Elle est enceinte je vous rappelle, et pas moi).
Et rentrons enfin. Car demain la vie va commencer !!!
Façon de parler bien sûr car nous avons déjà 70 piges à nous deux.
Bref, dodo !
Et réveil le lundi 18 mars, assez tôt.
Première chose, faisons nos sacs, une petite douche juste pour dire et douane.
Car l’heure a sonné où Perceval et Karadok vont retrouver leur liberté de mouvement.
Nous allons à la douane, signons des papiers et attendons l’officier, qui traîne…
Alors Robby (oui il s’appelle comme ça) qui parle anglais et veut aller étudier à l’étranger la science des crimes (pour les résoudre, je vous rassure) nous invite à un café (qu’il ne paye pas, droit de cuissage des douaniers oblige !)
Et missionne pendant ce temps un de ses larbin pour sortir nos flamboyantes et fougueuses montures.
Nous mettons nos sacs dans la camionnette de la douane et roulons, lentement pour en profiter derrière elle, qui se dirige vers le port.
Vers notre bateau.
Vers la liberté retrouvée.
Après une négociation (pas très forts en négo les douaniers avec les porteurs, les mobs sont sur le bateau, avec une scellée des douanes (pour plus de sécurité disent-ils…), une photo, un adieu ému à Heyri et vogue !!!
Direction Sabah où il s’est passé des trucs en notre absence. Mais c’est pour pas maintenant, là je pue, donc douche et ensuite on va picoler du rhum avec ma femme.
PS : Pas de panique, Claire n’est pas vraiment enceinte. Elle voue simplement un culte à la bouffe et à plus forte raison aux Terang Bulan.