Le frère de Sean Penn nous a enfin contacté… C’est une vraie perle.

D’Asie, bien sûr!

La dernière capitale que nous avions visitée était Kuala Lumpur.

Et nous pouvons dire que pour l’avoir visité, nous l’avons vraiment parcourue sous tous les angles.

Nous avons fait l’impasse sur Bangkok, traversant rapidement cette mégalopole bruyante, surpeuplée et pécheresse.

Mais ça y est, nous voici à Phnom Penh. Nous ne voulions pas l’éviter, celle-là.

Phnom Penh n’a pas grand-chose à voir avec Kuala Lumpur.

A l’image du Cambodge, sa capitale n’est pas bien grande, pas bien riche et c’est souvent n’importe quoi.

Souvent n’importe quoi dans les transports, par exemple.

Ça y est, nous l’avons eu, notre défilé au milieu des mobs qui se fraient un chemin partout  où la circulation laisse un trou, les voitures qui coupent la voie pour passer, la sérénade de klaxons à chaque intersection, les ronds-points qui font passer la Place de l’Etoile pour le carrefour des Bisounours, la hiérarchie de la route à respecter impérativement si l’on ne veut pas mourir.

Du plus bas de l’échelle sociale routière au plus haut, nous avons :

– Les marchands qui poussent leurs charrettes pleines de conneries à vendre (éponges, noix de coco, serpillières, jouets…)

– Les piétons (ne vous amusez pas à traverser sans regarder et oubliez les passages piétons, ils sont aussi rares que les strings de ma grand-mère, et pas moins dangereux)

– Les vélos

– Les mobs (mais elles ont l’avantage d’être très nombreuses, cela leur confère un pouvoir de masse que les autres classes sociales n’ont pas)

– Les voitures

– Les bus et les camions qui se battent pour la place de leader, mais quoi qu’il en soit, lorsque vous n’êtes ni l’un, ni l’autre, ne jouez pas au plus fin avec eux, ils sont sans pitié.

Vous vous êtes rangé dans l’une de ces catégories ? Très bien. Suivant votre place hiérarchique, vous savez à présent qui a priorité.

Même s’ils viennent de la gauche.

Même s’ils font demi-tour.

Même s’ils déboulent de leur place de parking.

Et même s’ils sont en train de doubler quelqu’un d’autre sur votre voie en fonçant droit sur vous.

C’est donc ainsi que nous avons débarqué à Phnom Penh, bercés par le flot tumultueux des mobs qui roulent en meutes serrées pour protéger les plus petites au centre.

Jouissif.

En voici un petit aperçu:

Nous venions là principalement pour casser les pieds à l’ambassade Vietnamienne. En effet, nous avons un problème avec les Vietnamiens.

Pas le peuple Vietnamien personnellement, au cas où Mélissa lise cela, je n’ai rien contre eux.

Mais au Vietnam, il est impossible de rentrer en étant au guidon d’une mobylette d’une autre nationalité que Vietnamienne.

La légende dit que c’est à cause du permis international qui n’est pas reconnu dans ce pays.

Certains aventuriers affirment qu’ils n’ont eu aucun problème à passer la frontière avec leur 150cc vietnamienne.

D’autres encore essaient toujours de passer, se tapant tous les postes frontières.

La corruption ne change rien.

Si nos tronches ne reviennent pas aux douaniers, nous vivrons un Tarakan bis.

Et ça, jamais.

Mais il parait que l’on peut gagner l’immunité en faisant approuver nos permis internationaux par les autorités vietnamiennes. Pour ce faire, il nous faut aller à l’ambassade.

Le lendemain de notre arrivée, nous mettons nos plus beaux vêtements (car il parait que l’apparence peut jouer en notre faveur) et arrivons là-bas.

Nous tombons sur des messieurs souriants qui pensent que nous venons demander notre visa.

Que nenni, qu’on leur explique.

Nous voulons un rendez-vous avec l’ambassadeur ou du moins l’un de ses conseillers.

Et de leur expliquer pourquoi.

« Non.»

Ah.

Pourquoi ?

Les motos étrangères sont interdites au Vietnam. C’est comme ça.

Voilà. C’était notre cassage de pieds à l’ambassade Vietnamienne. Nous avons eu beau rester polis, leur demander des explications, nous nous sommes très cordialement fait jeter.

Après deux jours de réflexion intense et trop relou comme nous en avons le secret, nos « Est-ce qu’on revend nos mobs et on essaie d’en acheter deux Vietnamiennes ? », nos « Est-ce qu’on essaie quand même de rentrer ? », nos « Oh, n’allons pas au Vietnam et puis c’est tout », nous tombons sur une plaque d’immatriculation vietnamienne attachée à une mob. Le propriétaire est Français, il l’a achetée à Hanoi, il vit dans l’une des chambres de notre backpacker. Une soirée à boire des bières et à se raconter nos aventures nous amène à l’hypothèse d’échanger l’une de nos mobs contre la sienne. Peine perdue : J’aime trop Karadoc et Aurel aime trop Perceval. Cette mob aux freins qui grincent et à l’embrayage manuel ne fait pas le poids contre mes jantes dorées, mes amortisseurs jaunes et mon autocollant de foot 2012 sur mon protège chaine.

La solution a finalement été trouvée. Nous n’irons pas au Vietnam avec nos mobs, mais du coup nous n’irons pas tout de suite au Vietnam.

Nous avons passé trois jours et quatre nuits à Phnom Penh, la perle d’Asie comme se plaisent à la nommer certaines personnes qui réfléchissent beaucoup.

Phnom Penh, capitale du Cambodge pour ceux qui ne le savent pas, est une chouette ville.

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Loin du cliquant et de l’exubérance de nombreuses capitales, c’est une ville qui vit. Qui vit vraiment, avec ses joies et sa misère. Une ville plutôt calme posée au bord du Mekong peu touristique car le régime des Khmer rouge y a effacé toute trace d’histoire, ou presque.

Une ville où il fait bon vivre.

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Une ville où les nuits sont dures pour les pauvres qui y vivent.

Une ville qui semble d’une autre époque, d’un autre monde, avec ses rues grouillantes, son trafic improbable, ses coupures d’électricité régulières et le démarrage immédiat de milliers de générateurs crachant en cœur leur fumée noire.

Une ville de disparités avec ses marchés où grillent dans une fumée dense et parfumée quelques tranches de lard, pendant que quelques centaines de mètres de là sur la promenade des anglais des restaurants proposent aux touristes des plats inabordable avec le revenu moyen des Cambodgiens.

Une ville d’histoire pourtant, où trône dans toute sa splendeur d’exubérance et de strass, le Palais du Roi proche du quartier français à l’architecture nostalgique.

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Le Roi Norodom Shihamoni

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Tandis que pas loin derrière ses murs barbelés, le S21, ancienne école primaire, devenue centre de détention et de torture des opposants supposés à Pol Pot, témoigne qu’il y a peu des horreurs ont décimé le pays au nom d’une aberrante folie humaine, en faisant 2 millions de morts.

Et Phnom Penh où la misère et la souffrance passée se cachent derrière une dignité souriante et une population qui vous parle, s’intéresse aux autres, et se marre à tout bout de champs dans un festival d’explosions de rires tonitruants.

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Une ville à la campagne.

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Une ville que j’ai aimée.

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Et puis nous partons, car il nous reste des choses à voir au Cambodge, et que notre visa ne dure qu’un mois.

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